Le Journal de Quebec

Procès de la nuit d’horreur à Paris

Ils se sont fait exploser et ont tiré au Bataclan et au Stade de France en 2015

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AFP | Le seul membre encore en vie du commando des attentats du Bataclan qui a fait 130 morts en 2015 à Paris a brisé le silence hier en enchaînant les déclaratio­ns incendiair­es lors du début du procès.

« Ça fait six ans que je suis traité comme un chien », s’est notamment plaint Salah Abdeslam, loin d’être repentant.

Le Franco-marocain de 31 ans, qui a prêté allégeance au groupe armé État islamique, est accusé d’avoir participé aux attentats les plus meurtriers de l’histoire de France, le 13 novembre 2015.

Cette soirée-là, trois kamikazes s’étaient fait exploser aux portes du Stade de France pendant une rencontre amicale de soccer entre la France et l’allemagne. Puis, quelques minutes plus tard, deux commandos avaient mitraillé à l’arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurant­s, avant de tirer sur la foule d’un concert dans la salle du Bataclan. Devenant l’un des hommes les plus recherchés au monde, Salah Abdeslam avait pris la fuite en Belgique, où il a finalement été arrêté en mars 2016 au terme d’une cavale de quatre mois.

Cinq ans et demi plus tard, son procès s’ouvre dans une France encore traumatisé­e par cette sanglante attaque islamiste, qui avait été précédée de la fusillade dans les bureaux du magazine Charlie Hebdo.

La première journée des audiences hier a été forte en émotions, alors que pendant plusieurs heures, la cour a énuméré par ordre alphabétiq­ue les près de 1800 personnes souhaitant faire reconnaîtr­e leur qualité de victimes de ces attentats.

CONDITIONS DÉNONCÉES

Salah Abdeslam a également tenu à se faire entendre, lui qui a été pourtant muet durant toute la durée de l’enquête.

L’homme de 31 ans a même interrompu le président de la cour, Jean-louis Périès, pour se lancer dans une vindicte, dénonçant ses conditions de détention en banlieue de Paris, où il est incarcéré dans une prison en isolement total et suivi 24 h sur 24 par vidéosurve­illance.

« Ici [dans la salle d’audience], c’est très beau, il y a des écrans plats, de la clim, mais là-bas, derrière... », a-t-il déclaré, l’index pointé vers le président de la cour.

L’accusé avait lors de l’ouverture de l’audience refusé de s’identifier, préférant faire sa profession de foi musulmane. « Il n’y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son messager », a scandé Salah Abdeslam.

Lorsqu’est venu le temps de déclarer sa profession, il a une fois de plus répondu par une provocatio­n en affirmant qu’il avait « délaissé toute profession pour devenir un combattant de l’état islamique ».

Abdeslam a grandi en Belgique dans une famille d’immigrés marocains naturalisé­s français, d’où la raison de sa citoyennet­é en France. Dans les dernières années, plusieurs médias l’ont décrit comme un grand consommate­ur d’alcool et de cannabis avant sa radicalisa­tion.

Il a même été évoqué que le Bruxellois fréquentai­t des bars gais à une époque.

TRÈS LONG PROCÈS

Dix autres hommes prenaient place hier avec lui dans le box des accusés, soupçonnés d’être impliqués à divers degrés dans la préparatio­n des attaques du 13 novembre. Aucun d’entre eux n’a esquivé les questions du président de la cour, hier. En tout, 20 personnes seront jugées à l’issue de ce procès historique, le plus grand et le plus complexe jamais organisé en France.

Un nombre inédit de témoins seront appelés à la barre, dont le président français de l’époque, François Hollande. Qui plus est, près d’un millier de membres des forces de l’ordre sont mobilisés pour la sécurité du procès, dont 630 aux abords du palais et à l’intérieur.

Le procès devrait s’étendre sur neuf mois. Les témoignage­s de rescapés et proches des victimes débuteront le 28 septembre, pour cinq semaines.

 ?? PHOTOS AFP, D’ARCHIVES ?? Les policiers poursuivai­ent leur enquête quatre jours après la tuerie dans la salle de spectacle du Bataclan. En mortaise, une photo de Salah Abdeslam publiée à l’époque.
PHOTOS AFP, D’ARCHIVES Les policiers poursuivai­ent leur enquête quatre jours après la tuerie dans la salle de spectacle du Bataclan. En mortaise, une photo de Salah Abdeslam publiée à l’époque.

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