Le Journal de Quebec

En semi-liberté cinq ans après un meurtre

La fille de la victime est choquée de la décision

- ANTOINE LACROIX – Avec Erika Aubin

La fille d’une femme assassinée par son conjoint il y a cinq ans est renversée qu’il ait pu obtenir une semi-liberté, déplorant le message envoyé aux victimes de violence conjugale en pleine année où les féminicide­s se multiplien­t.

« Je suis complèteme­nt sous le choc, laisse tomber Geneviève Caumartin. La sécurité des femmes, on ne prend pas ça au sérieux, ce n’est pas leur priorité. [...] Il ne semble même pas réaliser l’ampleur de ses gestes. »

La Commission des libération­s conditionn­elles du Canada (CLCC) a imposé à Daniel Déry plusieurs conditions, dont celle de ne pas se rendre à Brossard et Chambly sans une approbatio­n écrite de son agent de libération conditionn­elle.

Mais ça ne rassure pas du tout Mme Caumartin, car elle craint désormais de croiser dans la rue le meurtrier de sa mère, condamné à 12 ans de pénitencie­r pour avoir étranglé à mort Francine Bissonnett­e, 62 ans, le 5 juin 2016.

« Pour les 13 premières semaines, il va devoir suivre une thérapie sur la violence conjugale, mais après on va devoir se fier sur sa bonne foi de respecter ses conditions, alors que selon moi, c’était assez clair qu’il ne devait pas sortir », s’insurge-t-elle.

« AVERSION »

Dans sa décision, la CLCC note que Déry semble encore porter une « aversion » pour sa victime et qu’il minimise son geste.

« Votre discours “glisse” par moment, alors que vos propos sont légèrement accusateur­s et teintés de reproches envers la victime », écrit-on.

On indique toutefois que son risque de récidive violente est « faible ». On lui a tout de même refusé une libération conditionn­elle totale, puisqu’elle a été jugée « prématurée » par la CLCC.

Mme Caumartin est déçue que la sécurité publique ne soit pas du tout abordée durant la présente campagne électorale fédérale.

« Les féminicide­s, la violence conjugale, ils n’en parlent pas, alors que la sécurité des gens c’est à la base de tout, estime-t-elle. Et dans tout ce processus, on remarque que les bénéfices des criminels passent avant les droits des victimes. »

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