Le Journal de Quebec

Joe Biden retombe sur terre

- PIERRE MARTIN l @Pmartin_udem

Après une lune de miel de quelques mois, la cote du président est en baisse. S’il est tôt pour conclure à la débâcle, les risques abondent.

Après une embellie typique d’un début de mandat, les nuages gris s’accumulent au-dessus de

Joe Biden.

Ces difficulté­s sont explicable­s et une remontée n’est pas exclue, mais elle dépendra de facteurs que le président ne contrôle pas entièremen­t. Parmi ces facteurs, il y a l’économie, la pandémie et les tensions internatio­nales, mais surtout la cohésion de son parti au Congrès.

UNE CHUTE MODESTE

Les choses allaient bien pour Biden au printemps. La COVID-19 semblait sous contrôle, l’économie reprenait et le Congrès approuvait un populaire plan de relance.

Récemment, le départ chaotique d’afghanista­n, les ravages du variant Delta et le ralentisse­ment de la reprise de l’emploi ont eu l’effet d’une douche froide.

Le taux d’approbatio­n de Joe Biden a oscillé entre 53 % et 55 % jusqu’en juillet (la désapproba­tion se situait entre 37 % et 43 %) et a fléchi depuis le début d’août.

Selon les moyennes de sondages, ce taux se situe aujourd’hui autour de 45 % (49 % de désapproba­tion).

C’est peu, mais c’est quand même mieux que l’approbatio­n de Donald Trump pendant presque tout son mandat.

DES CAUSES DIVERSES

S’il veut conserver le Congrès en 2022 et son boulot en 2024, Joe Biden devra faire mieux.

Avec la polarisati­on ambiante, Biden ne peut pas s’attendre à de fortes majorités d’appui ou d’opposition, mais s’il veut conserver le Congrès en 2022 et son boulot en 2024, il devra faire mieux.

L’effet négatif des mésaventur­es afghanes de Biden devrait s’estomper, car il ne s’agit pas d’un enjeu très porteur pour la majorité des Américains.

On ne peut pas en dire autant de la COVID-19 et de ses impacts économique­s.

Même si la persistanc­e de la crise sanitaire est largement due à des adversaire­s politiques de Biden, qui freinent la vaccinatio­n et refusent d’implanter des mesures sanitaires adéquates, c’est le président qui écope des conséquenc­es néfastes de ces actions.

Il faut dire aussi que les dissension­s entre démocrates, qui alimentent l’image d’un gouverneme­nt dysfonctio­nnel et mènent à des compromis qui déçoivent plusieurs militants, n’aident pas à soutenir l’enthousias­me en faveur du président.

INSTINCT DE SURVIE

Le mois qui vient sera crucial pour Biden et son avenir politique dépendra largement de sa capacité de convaincre tous ses alliés du Congrès – sans exception – que leur propre survie politique dépend de la sienne.

Biden a besoin d’un appui démocrate unanime pour son ambitieux plan de reconstruc­tion des infrastruc­tures et pour son plan encore plus ambitieux de refonte des politiques sociales jumelée à un virage vert.

Si les démocrates « modérés » hésitent à cautionner un plan de

3500 milliards $, l’aile gauche du parti y tient mordicus. Ça négocie ferme, mais comme les démocrates savent que l’inaction leur serait fatale et comme leurs désaccords portent sur le niveau des dépenses et non sur les principes qui sous-tendent le projet, un terrain d’entente demeure possible.

Sans ce succès au Congrès, le président Joe Biden aura beaucoup de mal à se sortir de cette mauvaise passe.

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