Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia..com

Devrait-on dénoncer notre frère ?

Ma soeur et moi sommes très inquiètes. Notre mère a quatre-vingt-dix ans et elle vit toujours dans sa maison en milieu rural. Dans la famille, nous sommes deux filles mariées avec des enfants adultes, et nous avons un frère divorcé qui a un fils de 30 ans.

Notre frère qui a 65 ans a toujours eu un caractère spécial, de sorte qu’on ne savait jamais comment il allait se sortir des pétrins dans lesquels il se mettait. Il y a trois ans, il a demandé à ma mère d’aller habiter avec elle pour se remettre d’une passe financière difficile.

Ma soeur aînée qui vit dans le même coin ne voyait pas d’un très bon oeil une telle cohabitati­on, mais comme elle craignait pour la sécurité de notre mère depuis quelque temps, elle l’a encouragée à accepter, tout en la mettant en garde contre certains abus possibles de la part de notre frère.

Les premiers mois se sont bien passés, du moins selon les dires de ma soeur. Mais comme je visite notre mère moins souvent qu’elle, j’ai remarqué dernièreme­nt qu’elle en perdait certains bouts et que notre frère avait avec elle un comporteme­nt un peu dictatoria­l en tentant toujours de répondre à sa place, comme si elle allait me révéler des choses qu’il ne souhaitait pas que je sache.

J’en ai parlé à ma soeur pour qu’elle ouvre l’oeil, et depuis ce temps-là, elle n’arrête pas de me dire qu’elle trouve notre mère éteinte, donnant l’impression qu’elle a démissionn­é de la vie. Comme depuis qu’il est avec elle c’est à notre frère qu’elle a donné mandat de gérer ses avoirs et de s’occuper de son bien-être, on commence à douter des agissement­s de ce dernier.

Pensez-vous qu’on s’en fait pour rien ? Peut-on dénoncer un membre de sa propre famille, qui a de plus la charge de notre mère ?

Fille inquiète

Il ne faut jamais balayer sous le tapis ce genre d’inquiétude, pour la simple raison qu’il se peut qu’elle soit pleinement justifiée. À cet égard d’ailleurs, la Sûreté du Québec annonçait récemment qu’en partenaria­t avec des intervenan­ts sociaux, elle entendait hausser son niveau de surveillan­ce auprès des aînés, afin de déceler les possibles situations de maltraitan­ce.

Je sais qu’il n’est jamais simple de dénoncer quand ça risque de créer des conflits familiaux, mais c’est de votre devoir d’investigue­r pour voir si vous devez le faire. Je vous conseille d’appeler la Ligne Aide Abus Ainés, qui est une ligne d’écoute et de référence confidenti­elle fort compétente en cette matière : 1 888 489-2287.

France vs Québec

Qu’on cesse donc de se défendre en prétextant que la France, elle aussi, est envahie par la langue anglaise. En France : grammaire, conjugaiso­ns et syntaxe sont infiniment mieux respectées qu’au Québec. Les chauffeurs de taxi disposent d’un vocabulair­e dépassant celui de la majorité des professeur­s d’université québécois. Leurs tournures de phrases ne sont pas calquées sur l’anglais et l’expression écrite est beaucoup moins truffée de fautes qu’ici.

Quand on maîtrise à un niveau supérieur l’armature langagière, ce ne sont pas certains mots « anglais » uniques à la France, tels les classiques et hilarants « talkie-walkie et footing », qui risquent de détruire l’expression verbale d’une nation qui demeure un phare culturel en Occident.

Dans les revues et journaux français, l’injection souvent surprenant­e de mots anglais témoigne davantage d’une coquetteri­e et d’un désir plus ou moins justifiabl­e de montrer qu’on est à la fine pointe des tendances, que de lacunes laissant présager l’effondreme­nt imminent d’une civilisati­on.

Anonyme

Je partage la presque totalité de l’opinion que vous exprimez. Par contre, même si la France ne risque pas de perdre sa langue avec ses 70 millions d’habitants, je suis d’avis que par sa propension à aller de plus en plus vers l’anglais dans ses communicat­ions scientifiq­ues et commercial­es, elle n’en participe pas moins au déclin de la langue française dans le monde.

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