Félix peut dire « enfin ! »
Sa participation à la demi-finale du US Open devrait faire taire ses dénigreurs
Atteindre une demi-finale en Grand Chelem à 21 ans, à l’ère de Novak Djokovic et des prometteurs Daniil Medvedev ou Alexander Zverev, ça relève de l’exploit. Mais pour Félix Auger-aliassime, prodige du tennis attendu sur les plus grandes scènes de ce sport depuis quelques années, c’est surtout la meilleure façon de faire taire ses détracteurs.
« Ça va un peu faire taire les gens qui commençaient à douter, croit Jacques Hérisset. Mais son père [Sam] et moi, on savait que la route serait longue. On sait que c’est ça le tennis. »
Jacques Hérisset connaît bien Félix. Grand bâtisseur du tennis dans la région de Québec, il a vu grandir le jeune homme de L’ancienne-lorette sur les terrains de la région. Il est aussi très proche de son père, Sam, à qui il a cédé les rênes de son académie il y a trois ans.
« Félix n’a jamais douté, croit M. Hérisset. De le voir éclore comme ça au US Open, de se rendre en demi-finale, c’est l’accumulation de beaucoup de travail. Il a cru en ses rêves et il a toujours été bien accompagné. »
Car avant cette demi-finale aux Internationaux des États-unis, qu’il disputera demain face au deuxième favori, le Russe Medvedev, il y a eu beaucoup de réussites. Comme ces huit finales sur le circuit ATP.
Mais il y a aussi eu beaucoup de déceptions. Comme le fait de n’avoir remporté aucun de ces matchs ultimes, dont certains face à des adversaires qui semblaient pourtant à sa portée.
PLUS BAGARREUR
Et même récemment, le Québécois semblait traverser un creux de vague. Aux Jeux olympiques de Tokyo et à Toronto, il a été battu dès son premier match.
« Son père et moi, on regarde ce qu’il peut améliorer. Récemment, on trouvait qu’il avait beaucoup d’armes, mais surtout dans les points qui se déroulent rapidement, note M. Hérisset. Mais à un moment donné, si tu ne mets pas la balle dans le terrain, c’est l’autre qui va bien paraître… »
À New York, c’est un « FAA » plus bagarreur qui s’est présenté sur le terrain match après match. Visiblement, ce style sied bien au 12e favori, car il est devenu mardi le premier Québécois, chez les hommes, à atteindre le carré d’as d’un tournoi majeur.
PAPA REGARDE DE LOIN
C’est depuis Québec que Sam Aliassime suit les performances de son fils. Papa n’aime pas rejoindre Félix dans un tournoi, pour ne pas changer son état d’esprit.
« On l’agace un peu, mais Sam nous dit toujours qu’il a une académie ici, des enfants qui comptent sur lui pour les entraînements, explique “Jack”. Mais je pense qu’il pourrait changer d’idée s’il se rend en finale. On ne sait pas quand il va revivre ça ! »
Deux Québécois en demi-finale d’un tournoi majeur, c’est évidemment du jamais-vu pour une nation qui en est encore à ses premiers faits d’armes sur la scène du tennis.
Même si on parle depuis quelques années de la percée du tennis canadien, avec le titre de Bianca Andreescu à New York, il y a deux ans, ainsi que les finales à Wimbledon d’eugenie Bouchard (2014) et de Milos Raonic (2016), ce nouvel accomplissement réjouit Louis Borfiga, ancien directeur du développement chez Tennis Canada.
Les performances de Félix et de Leylah Fernandez, qui affrontera la deuxième favorite Aryna Sabalenka aujourd’hui, montrent que la vieille mentalité du tennis canadien est maintenant loin derrière.
« Quand je suis arrivé, c’était plutôt une mentalité de “on se satisfaisait de peu”. On a essayé d’implanter une mentalité de gagnant, de vouloir aller au bout des tournois et de ne pas juste se contenter d’effectuer un bon match », a expliqué M. Borfiga à TVA Nouvelles, hier.
Louis Borfiga est heureux de voir de jeunes Canadiens qui ne craignent plus leurs adversaires. Des athlètes qui sont capables de jouer le tennis nécessaire pour renverser trois favorites d’affilée, comme l’a fait Fernandez en dépit de ses 19 ans et de son 73e rang mondial.
« Vous avez vu comment Leylah se comporte? Elle n’a peur de rien ! » a souligné celui qui a aussi été impliqué longuement auprès de la fédération française de tennis.