Pour qui votera-t-il ?
POUR QUI VOTERA FRANÇOIS LEGAULT ? Comme le NPD et le Parti vert, le Parti libéral de Justin Trudeau est « dangereux »
François Legault saute à pieds joints dans la campagne fédérale et appelle les nationalistes québécois à se méfier d’un Justin Trudeau centralisateur. L’élection d’un gouvernement minoritaire conservateur servirait davantage les intérêts du Québec, selon lui.
Au lendemain du second débat des chefs fédéraux, le premier ministre québécois a attaqué avec une rare vigueur le programme du Parti libéral du Canada, sans épargner les néo-démocrates de Jagmeet Singh et les verts d’annamie Paul.
François Legault accuse Justin Trudeau de s’ingérer dans les champs de compétence des provinces, notamment en santé.
Il lui reproche de priver le Québec de pouvoirs en matière d’immigration nécessaires à la défense de l’identité québécoise. Sans parler de sa position sur la loi interdisant le port de signes religieux chez les employés de l’état en position d’autorité.
« [Justin Trudeau] n’exclut pas de s’opposer à la loi 21, donc ça, c’est très inquiétant pour tous les Québécois qui sont nationalistes », a-t-il lancé hier, à l’entrée d’un caucus des députés du gouvernement visant à préparer la rentrée parlementaire.
« Moi, je veux que le Québec soit plus autonome, ait plus de pouvoirs, et il y a trois partis, le PLC, le NPD et le Parti vert qui veulent nous donner moins d’autonomie. Je trouve ça dangereux », a-t-il renchéri.
LA « BONNE APPROCHE »
Les Québécois seront mieux servis par les conservateurs, selon François Legault, même si Erin O’toole prévoit annuler l’entente de 6 milliards $ survenue entre Québec et Ottawa au sujet des garderies.
Le premier ministre est conforté par ses positions sur l’immigration, les transferts en santé et la loi 21. « C’est une bonne approche, l’approche de M. O’toole », a-t-il insisté.
François Legault demande tout de même au chef conservateur de s’engager à offrir au Québec la cagnotte de 6 milliards $ sans condition.
Est-ce une stratégie pour inciter la population à voter en faveur des troupes d’yves-françois Blanchet? « C’est aux Québécois de choisir », a rétorqué le premier ministre, qui n’a fait aucune autre référence au parti souverainiste.
Une source gouvernementale admet toutefois qu’une forte présence du Bloc est primordiale pour que le prochain gouvernement fédéral respecte les ententes signées et les enveloppes promises au Québec.
COMME LÉVESQUE EN 1984
Il faut revenir aux années 80 pour trouver un autre premier ministre québécois qui s’est ingéré de la sorte dans une campagne fédérale, signale le politologue Éric Montigny.
En 1984, à l’époque du beau risque, René Lévesque avait invité les Québécois à appuyer le Parti conservateur de Brian Mulroney. Il était même allé plus loin que François Legault, mettant sa machine péquiste au service des conservateurs, souligne le professeur de l’université Laval. À l’époque, le Bloc québécois n’existait pas. En 1988, Robert Bourassa avait aussi appuyé les troupes de Mulroney.
La campagne électorale actuelle se démarque par les nombreux engagements des partis fédéraux dans les champs de compétence des provinces.
« Le message envoyé, c’est aux nationalistes québécois : pensez-y à deux fois avant de voter pour Justin Trudeau ou Jagmeet Singh », précise M. Montigny.