Le Journal de Quebec

EN FINALE À 19 ANS

L’incroyable parcours de Leylah Annie Fernandez se poursuivra au US Open grâce à sa victoire d’hier en demi-finale.

- Jessica Lapinski l Jessicalap­inski

Hier soir sur la plus grande scène de tennis du monde, Leylah Fernandez a renversé la deuxième favorite pour devenir la seconde Québécoise à atteindre la ronde ultime d’un tournoi du Grand Chelem.

Il aura fallu 2 h 21 min de dure bataille à Fernandez pour contrer la puissance de la Bélarussie­nne Aryna Sabalenka et l’emporter 7-6 (3), 4-6 et 6-4.

« C’est le résultat d’années et d’années de travail, de larmes, de sang, a déclaré Leylah au micro de Pam Shriver après le match. Sur le terrain, à l’extérieur du terrain. De sacrifices. Tout ce que je voulais, c’était être en finale et je me suis battue sur chaque point. »

SEPT ANS PLUS TARD

Sept ans après Eugenie Bouchard à Wimbledon, Fernandez écrit une nouvelle page du tennis québécois. Demain en finale, elle se mesurera à une autre surprenant­e adolescent­e, la Britanniqu­e Emma Raducanu, 150e mondiale. La qualifiée a défait la 17e favorite, la Grecque Maria Sakkari, 6-1 et 6-4, tard hier.

Fernandez n’avait jamais dépassé le troisième tour en Grand Chelem avant cette quinzaine. Si elle devait l’emporter demain, elle deviendrai­t la première Québécoise à réaliser pareil exploit, et la deuxième Canadienne après Bianca Andreescu, qui avait mis la main sur le titre au US Open il y a deux ans.

Reprenant les mêmes mots qu’elle avait utilisés après sa victoire face à Svitolina, mardi, Fernandez a reconnu en riant qu’elle n’avait « aucune idée » de comment elle avait pu gagner cette rencontre.

« Je veux remercier la foule new-yorkaise. Elle m’a aidée aujourd’hui. Elle ne m’a jamais abandonnée. Elle s’est battue avec moi et grâce à elle, j’ai réussi à gagner. Merci New York ! »

La bataille semblait pourtant inégale. Car Sabalenka, récente demi-finaliste à Wimbledon, est une solide cogneuse à qui Leylah concède en taille et en puissance.

Mais comme face à la Japonaise Naomi Osaka, troisième mondiale, contre la 16e favorite, l’allemande Angelique Kerber, ou devant la cinquième joueuse au monde, l’ukrainienn­e Elina Svitolina, la Lavalloise n’a jamais cessé de croire en ses chances.

Elle n’a pas tremblé quand elle tirait de l’arrière 3-0 en première manche. Ni quand elle était menée 2-0 au bris d’égalité.

Et pas plus après avoir concédé le deuxième set.

C’est même Fernandez qui a pris les devants la première dans la manche ultime. Mais Sabalenka, 23 ans, a profité de quelques largesses de sa jeune rivale pour revenir au score.

Mais malgré sa plus grande expérience, la Bélarussie­nne a tremblé quand elle servait pour demeurer dans le match, à 5-4.

Sabalenka a offert trois balles de match à Fernandez. Cette dernière n’a pas entretenu le suspense : elle a réussi un retour le long de la ligne que son adversaire a envoyé derrière la ligne de fond.

ELLE EST MILLIONNAI­RE

La petite joueuse s’est immédiatem­ent agenouillé­e au sol, cachant ses larmes de joie avec ses mains, devant son box exalté et sous les cris de la foule new-yorkaise, qui était une fois de plus dédiée à sa cause.

Cette victoire, remportée notamment devant l’ancien joueur de basketball Steve Nash, qui se trouvait avec ses proches, permettra à la Québécoise d’empocher au moins 1,25 million US. Ses gains à ce jour se chiffraien­t à près de 787 000 $.

Elle la fera aussi passer du 73e au 27e rang mondial, voire mieux encore si elle met la main sur le trophée demain. Il s’agira évidemment de son meilleur classement en carrière, et de loin.

La clé de Leylah pour remporter la victoire, hier, était d’attaquer tôt les frappes de sa rivale et de se servir de sa puissance pour réussir elle aussi des coups gagnants.

Malgré la nervosité qui devait l’habiter en début de rencontre, la jeune raquette a mis son plan à exécution au milieu de la première manche.

Ça n’a pas empêché Sabalenka de claquer 10 as et de réussir 45 coups gagnants, mais ç’a souvent poussé la Bélarussie­nne à la faute. Elle a commis pas moins de 52 erreurs non provoquées.

La deuxième mondiale, qui à un moment a commencé à craindre les retours de Fernandez, a aussi été trahie par son service. Elle a commis huit doubles fautes, dont deux dans son ultime partie au service.

L’EXPÉRIENCE OU LA JEUNESSE

Après avoir successive­ment battu la troisième, la 16e, la cinquième et la deuxième favorite, la Québécoise ne savait pas au moment de quitter le terrain qui elle affrontera­it en finale, entre une joueuse d’expérience ou une autre jeune joueuse qui connaît aussi un tournoi de rêve.

Mais entre Sakkari ou Raducanu, qui Fernandez voulait-elle affronter demain? « Je m’en fiche complèteme­nt, a-t-elle répondu en riant. Je veux juste jouer la finale ! »

Il s’agira de la plus jeune finale chez les femmes depuis 1999, alors que l’américaine Serena Williams (17 ans) avait battu la Suissesse Martina Hingis (18 ans)

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Leylah Fernandez exultait au moment où sa victoire lui donnant un billet pour la finale a été confirmée, hier soir à Flushing Meadows.
PHOTO AFP Elle a 19 ans, elle est 73e mondiale et elle est en finale des Internatio­naux des États-unis. Leylah Fernandez exultait au moment où sa victoire lui donnant un billet pour la finale a été confirmée, hier soir à Flushing Meadows.
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