Le Journal de Quebec

Mario Dumont

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Quel moment ridicule durant les débats électoraux ! Les chefs qui se relancent sur les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La surenchère a de quoi provoquer un fou rire.

Les conservate­urs promettent 30 % de réduction, les libéraux font mieux à 40 %.

Le Bloc (qui ne gouvernera jamais) et le NPD (dont les promesses ne sont pas chiffrées) promettent une réduction de 50 %.

Dans un encan, le crieur demanderai­t « Qui dit mieux ? » Le Parti vert ! Une réduction de 60 %.

Cette surenchère discrédite un travail sérieux sur les changement­s climatique­s.

Le courage consiste aussi à nommer les sacrifices qui seront requis

JAMAIS ATTEINTES

Premièreme­nt, comment lancer en l’air des cibles aussi énormes lorsque nous savons que le Canada n’a jamais respecté ses cibles dans le passé ? À plusieurs reprises, nos émissions ont même augmenté !

Il y a une limite à vivre dans ses lubies. Les chefs parlent de l’atteinte de cibles à l’avenir comme si c’était un jeu d’enfants. Le Canada en arrache pour réduire les émissions de 1 % et tout à coup, en campagne électorale, on pourrait les réduire de moitié sans faire de sacrifices.

Jusqu’ici, un seul type d’événement peut être associé à des années de baisse des émissions. Ce ne sont pas des actions des gouverneme­nts, ce sont les récessions économique­s. Lorsque l’économie pique du nez, que les usines ferment et que le transport de marchandis­es ralentit, nos émissions baissent.

DÉCROISSAN­CE

Deuxièmeme­nt, personne n’ose même s’avancer sur les changement­s en profondeur dans nos vies qui seraient nécessaire­s pour s’approcher de semblables objectifs dits ambitieux. Des sacrifices, des abandons d’activités, de voyages. Des pertes d’emplois par dizaines de milliers aussi.

On nous dira que les énergies renouvelab­les créeront de nouveaux emplois, et c’est vrai. Mais réduire les émissions de 50 % ou 60 % en neuf ans représente un choc radical. Faire croire que la transition entre emplois nouveaux et emplois perdus se fera sans heurts relève du pur mensonge. On parle d’une décroissan­ce, d’une hausse du coût de la vie et d’une baisse des revenus. Un appauvriss­ement qui fera mal à plusieurs ménages et dont tous font abstractio­n.

Nos chefs de partis ne mentionnen­t jamais un seul sacrifice. La pandémie nous a fourni une idée de ce que représente l’atteinte de cibles hautement « ambitieuse­s ». Souvenez-vous que lorsque tout était paralysé, nous avions considérab­lement amélioré notre bilan.

Tout le monde confiné à la maison, pas de voyages, presque pas de loisirs, pas de visites aux amis ou à la famille, on imagine bien que notre bilan d’émissions a dû s’améliorer. Or, à ce moment, les experts nous disaient que ce n’était pas encore assez. Pas assez.

En vérité, ce sont la science et la technologi­e qui vont nous aider. Plus que la politique.

En attendant, je suis à la recherche de politicien­s qui vont m’énoncer des changement­s concrets en des termes honnêtes. Dorénavant, je serai plus à l’écoute du politicien qui me décrira une mesure précise qui réduira nos émissions de 2 % que des prestidigi­tateurs à coup de 50 %.

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