Le Journal de Quebec

Feu vert aux expropriat­ions

Le projet d’interconne­xion Appalaches-maine franchit une importante étape

- MARTIN JOLICOEUR

Trois ans après le début de ses consultati­ons, le projet majeur de constructi­on de ligne d’interconne­xion Appalaches-maine franchit une nouvelle étape. Le gouverneme­nt autorise HydroQuébe­c à acquérir, par voie d’expropriat­ion, tout immeuble ou servitude nécessaire à la réalisatio­n de ses travaux.

Suivant la recommanda­tion du ministre de l’énergie, Jonatan Julien, le gouverneme­nt a adopté, le 18 août dernier, un décret donnant à la société d’état le feu vert pour recourir, au besoin, à l’expropriat­ion. Ce dernier a été publié dans La Gazette officielle du 8 septembre.

« Oui, un décret a été adopté. Mais personne ne se verra exproprié de force pour autant, assure la porte-parole d’hydro-québec, Lynn St-laurent. L’adoption d’un tel décret est normale dans les circonstan­ces. Mais l’applicatio­n de ses dispositio­ns demeure exceptionn­elle. »

Pour mémoire, ce projet consiste à la constructi­on d’une ligne d’interconne­xion entre le réseau électrique du Québec et celui de la Nouvelle-angleterre.

À terme, cette dernière permettra d’alimenter en électricit­é l’état du Massachuse­tts, en passant d’abord par le Maine. Un contrat d’exportatio­n de 10 milliards sur 20 ans lie Hydro-québec à ce projet.

PROJET DE 600 MILLIONS $

Afin d’atteindre le Maine, Hydro doit construire une nouvelle ligne de transport de 320 kilovolts sur 103,1 km, entre Saint-adrien-d’irlande, dans ChaudièreA­ppalaches et la municipali­té estrienne de Frontenac, près de Lac-mégantic.

Le hic est que le tracé de 600 M$ implique l’érection de 320 pylônes sur plus de 200 propriétés privées, réparties dans 11 municipali­tés. Les discussion­s entourant l’acquisitio­n des droits avec ces propriétai­res ont débuté « il y a plus d’un an ».

Elles se déroulent bien, assure la porte-parole d’hydro-québec, soutenant que par le passé, 95 % des dossiers de ce genre se règlent à l’amiable. Dans son décret du 18 août, le gouverneme­nt indique pourtant qu’« Hydro-québec n’a pu obtenir, de certains propriétai­res, les immeubles ou les servitudes requis pour permettre la réalisatio­n du projet ».

Par respect « pour le processus entamé », Hydro refuse de préciser avec combien de proprios elle est parvenue à s’entendre. Et, à quel prix… Elle ajoute que plusieurs raisons peuvent expliquer des délais de règlement plus longs (proprios absents, succession­s, etc.) et qu’il serait faux d’associer chacun à un conflit.

HQ estime que 72 % du tracé prévu doit suivre des emprises électrique­s déjà existantes. Dans de tels cas, un dégagement de 25 mètres de plus est requis tout le long du tracé.

Pour les 28 % restants, qui nécessiter­ont la constructi­on de nouvelles emprises, Hydro requiert un corridor de 43 m de large. Cela sera requis dans trois zones, dont celle des territoire­s de Nantes, de Sainte-cécile-de-whitton et de Frontenac. Ces territoire­s étant connus pour leurs exploitati­ons acéricoles, des coupes forestière­s pourraient s’imposer.

Hydro a débuté la constructi­on en certains endroits. Le rythme s’accélérera d’ici novembre, confirme Mme St-laurent. Après l’avoir déjà annoncée pour 2022, la mise en service est maintenant prévue pour la deuxième moitié de 2023.

 ?? PHOTO ADOBE STOCK ?? Le tracé de 103,1 km projeté par Hydro traverse les propriétés privées de plus de 200 propriétai­res, répartis dans 11 municipali­tés.
PHOTO ADOBE STOCK Le tracé de 103,1 km projeté par Hydro traverse les propriétés privées de plus de 200 propriétai­res, répartis dans 11 municipali­tés.

Newspapers in French

Newspapers from Canada