Début de l’ère de l’investissement propre au Mouvement Desjardins
Un premier placement d’obligations comportant des critères d’exclusion
Tabac, jeux de hasard, divertissement pour adulte, prêt à des conditions abusives, charbon thermique et armes non conventionnelles. Le Mouvement Desjardins détient maintenant sa propre liste noire des secteurs d’affaires où les prêts et les investissements ne sont plus tolérés.
Et cette politique se reflète dans l’ensemble des activités financières du groupe. Hier, la coopérative a d’ailleurs annoncé un premier placement d’obligations durables de 500 millions $, avec certains critères d’exclusion.
L’argent récolté ne pourra pas servir à financer une entreprise baignant dans une industrie évincée par le Mouvement, assure la direction.
En 2017, Desjardins avait créé un tollé auprès de certains membres après avoir octroyé un prêt de 145 millions $ à la société américaine Kinder Morgan pour le projet de pipeline Trans Mountain.
Une pétition avait alors été lancée et elle avait récolté des milliers de signatures pour que le Mouvement retire rapidement ce financement. Trans Mountain est, aujourd’hui, la propriété du gouvernement du Canada.
Les profits provenant du demimilliard de dollars serviront notamment « au financement ou au refinancement de prêts, […] tels que ceux du domaine de l’énergie renouvelable, de la production alimentaire durable et du logement abordable », a énuméré dans un communiqué la coopérative.
D’autres secteurs pourront aussi profiter des sommes récoltées, comme le transport propre, la création d’emplois et les bâtiments verts.
Au cours des prochaines années, Desjardins prévoit solliciter à plusieurs reprises le marché des obligations durables. Cette stratégie s’inscrit dans le plan d’action de l’organisation qui vise à atteindre, d’ici 2040, un bilan zéro émission nette sur ses opérations et ses activités financières.
« Étant l’une des plus grandes organisations au pays, nos actions sont plus pertinentes que jamais afin d’accélérer la transition énergétique », a indiqué
Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins.
DÉCIDÉ IL Y A À PEINE UN AN
Ce n’est qu’en 2020 que Desjardins a décidé de revoir sa politique interne concernant les énergies fossiles. La coopérative s’est notamment engagée à ne plus octroyer de prêt à des entreprises dans ces secteurs d’affaires qui ne respectent pas les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
« Dans le passé, nous avons investi dans certaines compagnies de pétrole. Nous n’avons pas supprimé nos investissements, mais nous ne réinvestissons pas », a confié la porte-parole du Mouvement, Chantal Corbeil.
Cette position de l’entreprise s’applique également aux autres industries qui figurent sur la liste noire.
L’an dernier, Desjardins a aussi révisé sa stratégie concernant l’industrie du tabac et du vapotage, en raison des impacts sur la santé et l’environnement.
« Pour l’armement, cela fait déjà un bon moment », a noté Mme Corbeil. « Nous n’avons jamais fait de prêt à des conditions abusives », a-t-elle ajouté.