Le Journal de Quebec

Début de l’ère de l’investisse­ment propre au Mouvement Desjardins

Un premier placement d’obligation­s comportant des critères d’exclusion

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Tabac, jeux de hasard, divertisse­ment pour adulte, prêt à des conditions abusives, charbon thermique et armes non convention­nelles. Le Mouvement Desjardins détient maintenant sa propre liste noire des secteurs d’affaires où les prêts et les investisse­ments ne sont plus tolérés.

Et cette politique se reflète dans l’ensemble des activités financière­s du groupe. Hier, la coopérativ­e a d’ailleurs annoncé un premier placement d’obligation­s durables de 500 millions $, avec certains critères d’exclusion.

L’argent récolté ne pourra pas servir à financer une entreprise baignant dans une industrie évincée par le Mouvement, assure la direction.

En 2017, Desjardins avait créé un tollé auprès de certains membres après avoir octroyé un prêt de 145 millions $ à la société américaine Kinder Morgan pour le projet de pipeline Trans Mountain.

Une pétition avait alors été lancée et elle avait récolté des milliers de signatures pour que le Mouvement retire rapidement ce financemen­t. Trans Mountain est, aujourd’hui, la propriété du gouverneme­nt du Canada.

Les profits provenant du demimillia­rd de dollars serviront notamment « au financemen­t ou au refinancem­ent de prêts, […] tels que ceux du domaine de l’énergie renouvelab­le, de la production alimentair­e durable et du logement abordable », a énuméré dans un communiqué la coopérativ­e.

D’autres secteurs pourront aussi profiter des sommes récoltées, comme le transport propre, la création d’emplois et les bâtiments verts.

Au cours des prochaines années, Desjardins prévoit solliciter à plusieurs reprises le marché des obligation­s durables. Cette stratégie s’inscrit dans le plan d’action de l’organisati­on qui vise à atteindre, d’ici 2040, un bilan zéro émission nette sur ses opérations et ses activités financière­s.

« Étant l’une des plus grandes organisati­ons au pays, nos actions sont plus pertinente­s que jamais afin d’accélérer la transition énergétiqu­e », a indiqué

Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins.

DÉCIDÉ IL Y A À PEINE UN AN

Ce n’est qu’en 2020 que Desjardins a décidé de revoir sa politique interne concernant les énergies fossiles. La coopérativ­e s’est notamment engagée à ne plus octroyer de prêt à des entreprise­s dans ces secteurs d’affaires qui ne respectent pas les critères environnem­entaux, sociaux et de gouvernanc­e.

« Dans le passé, nous avons investi dans certaines compagnies de pétrole. Nous n’avons pas supprimé nos investisse­ments, mais nous ne réinvestis­sons pas », a confié la porte-parole du Mouvement, Chantal Corbeil.

Cette position de l’entreprise s’applique également aux autres industries qui figurent sur la liste noire.

L’an dernier, Desjardins a aussi révisé sa stratégie concernant l’industrie du tabac et du vapotage, en raison des impacts sur la santé et l’environnem­ent.

« Pour l’armement, cela fait déjà un bon moment », a noté Mme Corbeil. « Nous n’avons jamais fait de prêt à des conditions abusives », a-t-elle ajouté.

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√ Charbon thermique
√ Armes non convention­nelles
ou nucléaires
√ Prêt à des conditions abusives √ Jeux de hasard √ Divertisse­ment pour adulte
L’industrie du charbon thermique, qui sert à alimenter des centrales électrique­s polluantes, comme celle-ci, en Allemagne, figure sur la liste noire de Desjardins.
SOURCE : DESJARDINS PHOTO AFP √ Tabac √ Charbon thermique √ Armes non convention­nelles ou nucléaires √ Prêt à des conditions abusives √ Jeux de hasard √ Divertisse­ment pour adulte L’industrie du charbon thermique, qui sert à alimenter des centrales électrique­s polluantes, comme celle-ci, en Allemagne, figure sur la liste noire de Desjardins.

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