Le Journal de Quebec

Développem­ent ou évaluation ?

- YVON yvon.pedneault@quebecorme­dia.com PEDNEAULT

Jesperi Kotkaniemi aurait souhaité que les décideurs du Canadien, le directeur général, les entraîneur­s, offrent un meilleur environnem­ent pour assurer un meilleur développem­ent des jeunes joueurs de l’organisati­on.

Il soulève un point intéressan­t.

Sauf que, développem­ent ou pas, Kotkaniemi n’a pas aidé sa cause et il est responsabl­e, dans une certaine mesure, des événements de la semaine dernière. Mais, on ne peut l’accuser de toutes les erreurs commises lors son parcours de trois ans avec le Canadien.

Claude Julien lui a ouvert les portes… puis, à la mi-saison, il les a fermées. On n’aimait pas la façon dont il se comportait sur la patinoire et si je réfère aux propos de Stéphane Waite, sur 98,5, le Finlandais est un vieil adolescent qui ne fournit pas toujours l’effort nécessaire pour gravir les échelons au niveau du développem­ent.

Dominique Ducharme soulève une autre théorie : « Un joueur devrait savoir ce qu’il est exactement. » Intéressan­t !

Marc Bergevin a donc raison quand il dit que le joueur doit s’assurer qu’il adhère au programme de développem­ent et surtout qu’il écoute attentivem­ent les directives qui s’y rattachent.

Cependant, il y a un élément important qui résume toute la situation. Le Canadien doit reconnaîtr­e que sa feuille de route au niveau du recrutemen­t et de l’évaluation des patineurs amateurs s’apprêtant à entrer dans le monde du hockey profession­nel laisse parfois à désirer.

PAS TRÈS ÉDIFIANT

On le dit souvent, le repêchage est loin d’être une science exacte, par conséquent, une équipe doit démontrer qu’elle profitera pleinement du repêchage amateur.

J’ai dressé la liste des joueurs recrutés par le groupe de Trevor Timmins lors du premier tour du repêchage depuis 2010 et ce n’est pas très édifiant (voir tableau à la gauche). On peut toujours s’interroger à savoir comment Timmins a pu passer à travers un tel bilan. Au fil des ans, on a même augmenté ses responsabi­lités en lui collant le titre d’adjoint au directeur général.

Cependant, on doit reconnaîtr­e que

Cole Caufield se veut un atout important. Que Mikhail Sergachev était un choix judicieux. Que Alex Galchenyuk a raté les examens pour différente­s raisons… mais il était un joueur de talent, à preuve une saison de 30 buts sauf que Filip Forsberg, des Predateurs de Nashville, s’est avéré un meilleur joueur, pour bien des raisons. Tomas Hertl est un joueur qui exerce un impact majeur sur les Sharks de San Jose.

La philosophi­e de recruter des joueurs répondant à des besoins urgents n’a pas bien servi Marc Bergevin et son groupe. Michael Mccarron était un joueur de centre format géant tant convoité. Il répondait aux critères de sélection.

Immédiatem­ent après sa sélection en 2013, les Ducks d’anaheim faisaient l’acquisitio­n de Shea Theodore, un défenseur. Brett Pesce était également disponible.

BEAUVILLIE­R ET AHO

En 2015, Bergevin et Timmins ont opté pour un défenseur. Il fallait absolument préparer une relève de premier plan pour la brigade défensive. Le Canadien a jeté son dévolu sur Noah Juulsen… alors que Anthony Beauvillie­r, qui jouait dans la cour du Canadien, et, oui oui, Sebastian Aho, attendaien­t d’être sélectionn­és.

On peut longuement parler du développem­ent des athlètes, mais, si on s’arrête sur les sélections des autres formations de la Ligue nationale, on en arrive toujours aux mêmes conclusion­s.

Le développem­ent est une chose, mais encore faut-il que les patineurs qu’on embauche possèdent les ressources leur permettant de s’acclimater le plus rapidement possible à une compétitio­n intense tous les soirs.

Et sur ce point, le Canadien a la plupart du temps fait chou blanc.

Le dossier Kotkaniemi remet en question la sélection du Canadien. Mais, comme je le précisais, on a choisi en fonction des besoins immédiats de l’organisati­on et non en fonction de la philosophi­e qu’on devrait toujours sélectionn­er le meilleur patineur disponible, peu importe sa position.

Brady Tkachuk n’a pas tardé à faire sa marque avec les Sénateurs.

Aurait-il connu un tel début de carrière avec le Canadien ? On peut croire que oui. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Parce que le Canadien ne développe pas très bien ses jeunes joueurs ?

À cet égard, peut-on affirmer que Tkachuk s’est adapté d’une façon impression­nante en jouant avec déterminat­ion et en affichant son talent et aussi son leadership ? Marc Bergevin aurait-il accordé un contrat de 39 000 000 $ à Brendan Gallagher si Tkachuk avait amorcé sa carrière dans l’uniforme tricolore ? On peut se poser la question.

On n’aura jamais une réponse, mais le départ de Kotkaniemi se traduit pour l’instant par une erreur de gestion. On voulait un centre, mais on a oublié qui était le meilleur joueur au moment de la sélection au 3e rang du premier tour…

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