Le Journal de Quebec

Michel Nadeau, l’homme qui voyait grand et loin

- JOSÉE LEGAUL LT josee.legault@quebecorme­dia.com

Michel Nadeau, décédé cette semaine du cancer, me manquera beaucoup. Son expertise inégalée, son visage rassurant, son regard allumé et son esprit raffiné manqueront longtemps au Québec tout entier.

Véritable pilier de la modernisat­ion du Québec, Michel était avant tout un homme doux, tellement généreux de coeur et de son temps. Malgré ses fonctions prestigieu­ses et ses horaires archi remplis, jamais il ne refusait une demande amicalemen­t discrète pour un conseil.

Son fils Philippe a trouvé les mots justes pour le dire : « C’était un être exceptionn­el. Il pensait toujours aux autres. Il ne pensait jamais à lui. Si je réussis à être la moitié de l’homme qu’il a été, je vais être très, très fier de moi. »

Michel Nadeau était d’une droiture inébranlab­le. D’une grande humilité et d’une franchise redoutable. Pédagogue irrésistib­le, son sourire un brin ironique en disait parfois plus long que bien des thèses savantes.

Habité d’un amour profond pour le Québec, il voyait grand pour son développem­ent économique, mais aussi pour son progrès social, qu’il souhaitait résolument humaniste.

Les succès financiers sans le coeur tout grand ouvert pour les partager, ce n’était pas pour lui.

Tout au long de son parcours, sur la scène publique comme dans les coulisses du pouvoir, sa contributi­on fidèle à l’avancement d’une société partie de très loin ferait l’envie de bien des politicien­s.

IL NOUS AURA BEAUCOUP DONNÉ

De journalist­e renommé au Devoir à expert reconnu en finance et gouvernanc­e, de la Caisse de dépôt et placement du Québec à l’institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques, Michel nous aura beaucoup donné.

Le Québec inc., il le connaissai­t sous toutes ses coutures – des plus lumineuses aux plus sombres. Depuis l’annonce de sa mort, nombreux sont ceux qui, dont le premier ministre François Legault, saluent son legs exceptionn­el au mieux-être de ce peuple qu’il aimait tant.

Pierre Karl Péladeau l’a résumé à merveille : « Si Vidéotron et tant d’autres entreprise­s du Québec sont restées entre les mains de Québécois/es, le Québec le doit à Michel Nadeau, cheville ouvrière du financemen­t et de l’inspiratio­n d’entreprene­urs/es. Merci Michel pour ces réalisatio­ns aussi nombreuses que salutaires. »

À LA FOIS INQUIET ET ESPÉRANT

Sur un plan plus personnel, comme analyste politique, j’ai aussi eu le privilège et le plaisir de côtoyer Michel à l’émission de son grand ami Joël Le Bigot, Samedi et rien d’autre.

Chacune de ses chroniques, truffées de conseils et d’observatio­ns étonnantes, ravissait les auditeurs et toute l’équipe.

En guise d’au revoir, je citerai Michel lui-même. Encore là, on y sent l’homme à la fois inquiet et espérant pour l’avenir.

Ces mots, Michel les a rédigés en août 2020 pour le magnifique livre de son frère bien aimé, le grand photograph­e Jacques Nadeau, paru aux Éditions de l’homme : COVID-19. 100 jours de grand confinemen­t :

« De quoi sera faite la prochaine pandémie ? Inutile de fouiller les entrailles et de jouer aux haruspices. Un sérieux réchauffem­ent climatique pourrait être la prochaine pandémie. Aucun vaccin ne protège de la chaleur extrême. On ne pourra pas rester confinés à la maison très longtemps. Entourée de ses enfants, Greta Thunberg haussera les épaules : “Je vous l’avais bien dit.” L’argent ne sera d’aucune utilité à l’humanité, qui fera alors face à un test décisif pour sa survie. »

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