Le Journal de Quebec

Jean Charest défend la Chine et s’en prend aux Américains

L’ancien chef de gouverneme­nt a conseillé Huawei en pleine crise diplomatiq­ue

- PHOTO COURTOISIE OLIVIER SAMSON ARCAND, COSMOS IMAGE FRANCIS HALIN – Avec la collaborat­ion de Guillaume St-pierre

L’ex-premier ministre libéral Jean Charest, qui dit ouvertemen­t travailler pour ses clients chinois, a décoché hier une flèche bien sentie aux Américains, qui ont mis le Canada entre l’arbre et l’écorce.

« Malheureus­ement aux États-unis, les démocrates et les républicai­ns sont en compétitio­n pour savoir qui va être le plus dur ou le plus raide avec la Chine », a lancé hier l’ex-premier ministre Jean Charest lors d’un échange à la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain (CCMM).

Devant un parterre d’affaires à Montréal, Jean Charest a joué d’entrée de jeu la carte de la transparen­ce : « Je devrais vous dire, par souci d’honnêteté, moi, j’ai des clients chinois », a soufflé l’associé chez Mccarthy Tétrault.

« GUERRE FROIDE »

Même s’il n’a pas manqué de critiquer l’arrestatio­n des deux Michael en la qualifiant de « kidnapping politique sanctionné par l’état », il a lancé la pierre à de nombreuses reprises aux Américains, notamment à l’ex-président américain Donald Trump, qui a mis le feu aux poudres avec ses tweets.

« Les États-unis, c’est la moindre des choses, ce sont eux qui ont mis le feu à la maison et après ça, ils prennent le crédit pour l’avoir éteint », a-t-il imagé.

Selon Jean Charest, le Canada est maintenant entré « en période de guerre froide avec la Chine », et cela pourrait perdurer encore cinq ans.

« Les Chinois à saveur chinoise vont se comporter comme une superpuiss­ance. Le plus tôt nous serons réalistes là-dessus, le mieux nous serons capables de gérer efficaceme­nt notre relation avec la Chine », a-t-il dit.

Après l’événement, Jean Charest n’a pas voulu accorder d’entrevue au Journal pour fournir plus de détails et répondre à nos questions.

GRANDE SÉDUCTION

Rappelons que fin septembre, en pleine crise diplomatiq­ue, le Conseil d’affaires Canada-chine, créé et financé par le clan Desmarais, a multiplié ses efforts pour courtiser la communauté d’affaires lors d’un événement.

« Notre relation d’affaires s’est raffermie en 2020 malgré les impacts de la COVID-19. Avec le plan quinquenna­l, la Chine aura plusieurs opportunit­és pour les entreprise­s canadienne­s », avait alors souligné l’ambassadeu­r chinois Cong Peiwu dans une interventi­on enregistré­e à l’avance.

Début octobre, Le Journal a souligné que le géant chinois Huawei ambitionne toujours d’étendre son influence ici à l’aide de lobbyistes proches de la famille libérale, comme ce fut le cas l’an dernier avec plusieurs anciens politicien­s vedettes.

Par ailleurs, en entrevue au Journal lundi dernier, le ministre de l’innovation, des Sciences et de l’industrie, François-philippe Champagne, a fait savoir que l’on saura bientôt si Huawei aura le droit ou non d’installer sa 5G au pays.

« Ça sera certaineme­nt quelque chose qui sera rapidement à l’agenda lors de la formation du prochain cabinet », avait-il assuré.

Le Québec importe pour plus de 11 milliards de dollars de marchandis­es de toutes sortes de la Chine et en exporte pour 5 milliards de dollars chaque année, a rappelé hier le grand patron d’investisse­ment Québec Internatio­nal, Hubert Bolduc.

« LES DÉMOCRATES ET LES RÉPUBLICAI­NS SONT EN COMPÉTITIO­N POUR SAVOIR QUI VA ÊTRE LE PLUS DUR OU LE PLUS RAIDE AVEC LA CHINE. »

– Jean Charest, ex-pm du Québec

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Jean Charest a rappelé, hier, aux membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain que la Chine est devenue le manufactur­ier du monde entier en fournissan­t des produits de consommati­on à bas prix.

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