Le Journal de Quebec

Et si Michael Rousseau était un militant ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

C’est quand même incroyable !

Même quand on se fait cracher dessus, c’est de notre faute !

En effet, selon Chris Selley, chroniqueu­r au National Post, le vrai scandale de ce qui est convenu d’appeler « l’affaire Rousseau » (une histoire qui, rappelons-le, émane d’un reportage publié dans la section Argent du Journal) n’est pas le fait que le patron d’air Canada ait prononcé un discours en anglais seulement.

C’est le fait que les « faucons hyperactif­s de la langue », les « obsédés » du français voient des méchants anglophone­s unilingues partout et sont constammen­t à la recherche d’un « bouc émissaire » à blâmer !

C’est nous, le problème !

Nous sommes trop susceptibl­es ! Il aurait fallu prendre ça avec un grain de sel !

UNE MINORITÉ MAJORITAIR­E

On n’a plus le droit de dire « été indien », car ça fait de la peine aux Premières Nations.

Mais quand un anglophone unilingue qui vit au Québec depuis 14 ans (et qui dirige l’une des plus grosses entreprise­s au pays) dit qu’il se fout royalement du français, ça, c’est correct. Ben coudonc. On a l’indignatio­n à géométrie variable, au Canada.

Il y a les minorités, qu’il ne faut jamais, jamais froisser.

Et les francophon­es, qu’on peut ridiculise­r à pleines pages.

Mais… On n’est pas une minorité, nous aussi ? On ne mérite pas d’être traités avec respect ?

Ah non, c’est vrai, on est une majorité au Québec !

Alors on est méchants !

Les Canadiens anglais se comportent envers les francophon­es comme certains Américains des États du Sud se comportaie­nt envers les Noirs.

Ils nous aiment quand on sourit, qu’on chante et qu’on danse.

Mais quand on se fâche et qu’on exige d’être respectés, ils nous trouvent casse-pieds et dangereux.

Pierre Vallières avait une expression pour ça.

Nègres blancs d’amérique.

UN BRAS D’HONNEUR ?

Hier, Radio-canada nous apprenait que le bureau de François Legault avait prévenu la direction d’air Canada que ce n’était pas une « bonne idée » d’aller de l’avant avec un discours en anglais seulement.

Visiblemen­t, cet avertissem­ent a coulé sur le dos de monsieur Rousseau comme de l’eau sur le dos d’un canard.

Ce qui m’amène à poser la question quiz de la semaine.

Serait-ce possible que Michael Rousseau ne soit ni un homme d’affaires « hyper occupé » qui n’a pas « eu le temps » d’apprendre notre langue, comme il s’est lui-même présenté, ni un anglophone qui vit en vase clos (comme tant d’autres), mais…

Un militant ? Qui savait pertinemme­nt ce qu’il faisait ?

Et qui a foutu le bordel en toute connaissan­ce de cause ?

On est en droit de se poser la question.

Cela expliquera­it pourquoi le grand patron d’air Canada n’a pas cru bon de changer son discours après avoir reçu le message du bureau du PM…

Alors qu’il savait pertinemme­nt que son entêtement serait très mal perçu…

C’était sa façon à lui de nous faire un bras d’honneur.

Et de brandir bien haut le poing, comme l’a déjà fait (mais pour une tout autre cause) un certain chef du PQ.

Si c’était le cas, ça rendrait la chronique publiée par le National Post encore plus odieuse.

Imaginez…

Blâmer la personne qui se fait insulter, au lieu de la personne qui insulte !

Et si Michael Rousseau savait très bien ce qu’il faisait ?

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