Le Journal de Quebec

Reconnu coupable d’agression sexuelle

Le juge n’a pas cru le témoignage trop précis de l’artiste Florent Cousineau

- NICOLAS SAILLANT

Accusé d’agression sexuelle sur l’ex-copine de son fils, Florent Cousineau a tenté de convaincre la cour que la relation sexuelle était consentie, mais ses souvenirs « trop précis » de l’événement survenu il y a 35 ans ne sont « pas vraisembla­bles », a tranché le juge.

Au coeur d’une relation qui battait de l’aile avec le fils de Florent Cousineau, la victime s’était rendue chez l’artiste au printemps 1986 dans l’espoir d’avoir une discussion avec son ancien petit ami. C’est toutefois l’artiste, seul à la maison, qui avait accueilli la cégépienne de 19 ans.

Avouant ne pas se souvenir de la teneur de la discussion, la victime a relaté avoir accepté une propositio­n de massage faite par l’accusé, puis s’être dévêtue avant de se coucher sur un futon. Sans même qu’il y ait de massage, la victime a raconté s’être retrouvée sous son agresseur dénudé.

Une agression complète a ensuite eu lieu sans que la victime réagisse. Cette dernière a longtemps minimisé les gestes jusqu’en 2017, mais la femme maintenant âgée de 53 ans qui travaille auprès de victimes a décidé de dénoncer son agresseur par « devoir social ».

VERSION DIFFÉRENTE

La version racontée par l’artiste de 71 ans diffère totalement de celle de sa victime. Disant ne pas avoir de « cachette à faire », il a plutôt fait valoir avec moult détails que c’est la jeune femme qui avait pris l’initiative de la relation sexuelle après sa propositio­n de massage.

Sauf que les « souvenirs trop précis » de l’événement relaté par l’accusé n’ont pas paru « vraisembla­bles » pour le juge Christian Boulet. Il donne l’exemple du massage, alors que l’agresseur a expliqué avec précision avoir utilisé un mélange de trois huiles pour masser sa victime.

« Principale­ment, je ne crois pas l’accusé lorsqu’il affirme que la plaignante qui arrive chez lui pour voir son fils qu’elle aime encore […] lui ordonne d’enlever son pantalon et prenne l’initiative des rapports sexuels », tranche le juge. À l’inverse, si le juge reconnaît « que les souvenirs de la victime sont parfois déficients », il a fait valoir que cette dernière n’a pas hésité « à admettre ses déficience­s » dans un contexte où les faits remontent à 35 ans. Elle a notamment admis s’être dénudée pour recevoir le massage sans que son agresseur le lui demande et a dit ne pas avoir d’explicatio­n en ce sens. D’autre part, l’absence de réaction de la victime pendant l’agression de son ex-beau-père ne représente pas un élément pertinent pour la défense de l’accusé, a précisé le juge.

CRÉDIBILIT­É

Estimant la « crédibilit­é de la plaignante entière », le magistrat s’est dit convaincu hors de tout doute raisonnabl­e de la commission des gestes et a donc reconnu coupable Florent Cousineau d’agression sexuelle.

Ce dernier recevra sa sentence plus tard en 2022 et reste en liberté d’ici là.

« JE N’AI PAS DE CACHETTE À FAIRE, MOI, PARCE QUE JE LUI AI FAIT UN SUPER MASSAGE, ON A DORMI ENSEMBLE, ON A FAIT L’AMOUR ENSEMBLE. » – L’artiste Florent Cousineau, lors de son témoignage

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pable d’une agression commise il y a 35 ans. On le voit ici lors de l’inaugurati­on d’une
oeuvre, à Québec, en 2017.
PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC L’artiste de renom Florent Cousineau a été reconnu cou pable d’une agression commise il y a 35 ans. On le voit ici lors de l’inaugurati­on d’une oeuvre, à Québec, en 2017.

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