Le Journal de Quebec

Plante dépasse Coderre

La mairesse sortante de Montréal prend les devants, aidée par un 3e parti qui brouille les cartes

- DOMINIQUE SCALI

Après avoir été au coude-à-coude avec Denis Coderre, Valérie Plante gagne des points dans les intentions de vote tandis que Denis Coderre perd des plumes dans une fin de course à la mairie de Montréal qui commence à ressembler à celle de 2017.

« Ça devient dangereux pour Denis Coderre », s’exclame Jean-marc Léger, président de la firme Léger.

Selon un sondage Léger- Le Journal réalisé mercredi et jeudi dernier, Valérie Plante récolte maintenant 40 % des intentions de vote contre 35 % pour M. Coderre.

La mairesse sortante, qui avait amorcé la campagne en deuxième place avant de rattraper son rival, le devance maintenant de 5 points… le score avec lequel elle avait gagné en 2017.

« On se retrouve dans une même dynamique qu’il y a quatre ans », dit M. Léger.

MÊME LES PLUS VIEUX

Plus tôt dans la campagne, Denis Coderre pouvait compter sur le vote des électeurs plus âgés, ceux qui vont davantage se déplacer le jour du vote.

« Là, je n’ai plus ça aujourd’hui », remarque M. Léger.

Même chez les 35 ans et plus, 39 % des électeurs penchent pour Valérie Plante contre 37 % pour Denis Coderre.

Selon M. Léger, c’est le troisième parti de Balarama Holness qui vient brouiller les cartes dans cette course en grugeant 13 % des intentions de vote.

M. Holness a clairement réussi à mobiliser son électorat cible avec sa défense du bilinguism­e à Montréal.

La preuve : il récolte 23 % des intentions chez les non-francophon­es, mais seulement 3 % chez les francos.

« C’est significat­if », résume M. Léger. « Ce 23 % que Denis Coderre perd [au profit] de Balarama Holness, c’est ça qui est en train de l’empêcher de gagner les élections. »

« Enlève Balarama Holness [de l’équation] et Denis Coderre ramasse tout l’ouest de l’île, tous les endroits où il y a [une forte concentrat­ion] d’anglos. »

Si le parti de M. Holness performe si bien, c’est qu’il y avait un « vide politique », donc de la place pour une troisième voie, interprète M. Léger.

QUESTION DE L’URNE

Il faut aussi noter que la dernière semaine de campagne n’a pas été facile pour Denis Coderre. Contrairem­ent à Valérie Plante, il a d’abord refusé de dévoiler ses revenus et la liste de ses clients.

Il s’est ensuite ravisé, mais les analystes n’ont pas manqué de le taxer d’un manque de transparen­ce rappelant l’épisode de la formule E en 2017.

« Est-ce que tu peux faire confiance ou non à Denis Coderre ? De plus en plus, on s’enligne vers ça comme question de l’urne », observe M. Léger.

Si la tendance favorisant Mme Plante est indéniable, les résultats ne sont pas coulés dans le béton, rappelle le sondeur.

Une avance de 5 points tombe dans la marge d’erreur et 9 % des électeurs sont encore indécis.

De plus, bon nombre d’électeurs qui pensaient voter pour M. Holness pourraient décider à la dernière minute de voter stratégiqu­ement pour empêcher Mme Plante de gagner, suppose M. Léger.

« Le vote de Balarama Holness n’est pas solide. Ça peut s’effriter en fin de campagne. On a vu ça souvent [avec d’autres tiers partis]. »

« Au municipal, les gens ne sont pas autant loyaux à leur parti qu’au provincial ou au fédéral. Ils peuvent encore changer d’idée », explique-t-il.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada