Le Journal de Quebec

Le retour de Speak White

- MATHIEU BOCK-CÔ ÔTÉ e Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r

On le sait, Michael Rousseau, le PDG d’air Canada, a prononcé un discours exclusivem­ent en anglais à Montréal. La chose était choquante, sans être surprenant­e.

Mais la scène choquante est venue quand, questionné par Pierre-olivier Zappa, Rousseau a expliqué sans gêne qu’il avait pu passer quatorze ans à Montréal sans avoir à apprendre le français, et que c’était tout à l’honneur de la ville de rendre cela possible. Traduisons : l’honneur de Montréal consistera­it à permettre aux anglophone­s de s’imperméabi­liser contre la culture québécoise.

ROUSSEAU

Factuellem­ent, Rousseau a évidemment raison : on peut parfaiteme­nt vivre à Montréal sans jamais entrer en relation avec le peuple québécois. Rousseau a dit sans gêne, et avec une arrogance puant le vieux mépris colonial, quelle était la situation linguistiq­ue à Montréal aujourd’hui.

Mais ce n’est pas un honneur, c’est une honte, et c’est la preuve d’un dérèglemen­t structurel du rapport entre la métropole et le reste du Québec.

Montréal se comporte de plus en plus comme une cité-état étrangère au Québec, sous la pression d’une démographi­e nouvelle.

Cela dit, tous les Québécois qui ont un minimum de conscience historique ou d’instinct vital ont parfaiteme­nt compris ce qui était en jeu dans la déclaratio­n du patron d’air Canada : c’est le retour du Speak White.

Le français redevient la langue des domestique­s et du petit personnel.

La tendance est lourde. Elle est indissocia­ble du cadre canadien où le français est condamné à un destin folkloriqu­e.

C’est Pascal Bérubé qui s’est distingué de la plus belle manière dans cette querelle et nous a rappelé l’importance du Parti Québécois.

BÉRUBÉ

Son discours à l’assemblée nationale inscrivait cet affront dans l’histoire longue et la sociologie actuelle. Il était exceptionn­el. Il rappelait que notre existence comme peuple est un combat. Et en ce moment, nous jouons notre survie. Et notre survie porte un nom : l’indépendan­ce du Québec.

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