Le Journal de Quebec

Facebook et ses fausses nouvelles

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Lorsqu’il a annoncé la semaine dernière que son Facebook changeait de nom, à grand renfort de vidéos agrémentée­s de réalité virtuelle, le multimilli­ardaire Mark Zuckerberg semblait bien loin du Québec.

Bien sûr, depuis quelques années, les exemples de fausses nouvelles virales et de désinforma­tion dangereuse propagées par son organisati­on se multiplien­t à travers le monde.

Ce n’est pas pour rien que le témoignage de la lanceuse d’alerte

Frances Haugen devant le Congrès américain, début octobre, a fait le tour du monde. Ses révélation­s sur la volonté de Facebook de faire passer son profit financier avant de lutter contre les contenus haineux et la violence étaient troublante­s.

Mais on a peut-être négligé de montrer à quel point les fausses nouvelles colportées par le plus gros réseau social du monde sont aussi un danger potentiel chez nous. Dans nos cours d’école, dans les entreprise­s… dans tous les foyers du Québec, en fait.

Notre Bureau d’enquête s’est penché sur un cas d’espèce survenu au cours des dernières semaines : l’épouvantab­le fausse nouvelle à propos de Malaka Rizkalla, cette Montréalai­se morte à 15 ans d’un problème cardiaque. Sur Facebook, des complotist­es ont annoncé allègremen­t que l’ado était morte des suites du vaccin contre la COVID-19.

Le dérapage a été tel que des dizaines de personnes qui croyaient à ce mensonge sont allées manifester devant l’école que fréquentai­t la jeune fille pour crier leur opposition au vaccin.

BLOGUEUR EN BOBETTES

Vous pouviez lire hier comment nous avons retrouvé l’auteur de cette fausse nouvelle, un blogueur de Lévis qui a ouvert la porte en sous-vêtements lorsque nos journalist­es se sont présentés chez lui.

Nous avons également documenté à quel point sa fausse nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre.

Elle avait déjà été commentée et partagée plus de 1000 fois sur Facebook moins d’une journée après avoir été rédigée, comme vous pourrez le lire aujourd’hui en pages 34 et 35.

Notre enquête s’est poursuivie pour révéler à quel point Facebook néglige de faire le ménage dans les fausses nouvelles. Au Québec, elle sous-traite plutôt à des organisati­ons comme L’AFP et Radio-canada le soin de vérifier si le contenu partagé sur sa plateforme est vrai.

Nous avons ainsi découvert que notre radiodiffu­seur public, qui peut déjà compter sur plus de 1,2 G$ de fonds publics par année, a reçu de l’argent pour trier les rebus de Facebook. Combien d’argent ? Radio-canada ne veut pas le dire.

VIVE LES MÉDIAS CRÉDIBLES

Et même lorsque ses sous-traitants concluent qu’une nouvelle est fausse, comme c’était le cas avec l’histoire de Malaka Rizkalla, Facebook ne retire presque jamais la publicatio­n mensongère. On laisse l’algorithme faire son travail pour diminuer la portée de la nouvelle.

Il a fallu que notre Bureau d’enquête confronte l’auteur du tissu de mensonges à propos de l’adolescent­e décédée pour que sa publicatio­n soit supprimée de Facebook.

La pandémie et le climat social tendu des derniers mois au Québec ont été une occasion de plus pour démontrer qu’il faut faire confiance aux médias sérieux qui embauchent des journalist­es profession­nels plutôt qu’à Facebook pour obtenir une informatio­n de qualité.

J’ai peine à croire que c’est avec des casques de réalité virtuelle qui nous font entrer dans un univers parallèle que Facebook (pardon, il faut maintenant dire

Meta) corrigera la situation.

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CAPTURE D’ÉCRAN J.E. Nos journalist­es ont retrouvé l’auteur de la fausse nouvelle sur Malaka Rizkalla
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Jean-louis Fortin Directeur du Bureau d’enquête
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