Le Journal de Quebec

Chine totalitair­e et changement­s climatique­s

- Loïc Tassé

On pourrait croire que le gouverneme­nt chinois ne se préoccupe pas de l’environnem­ent, que l’absence de Xi Jinping à la COP26 démontre une certaine nonchalanc­e face au réchauffem­ent climatique. Il n’en est rien.

L’absence de Xi tient très probableme­nt à des raisons de politique intérieure. D’ailleurs, les problèmes environnem­entaux sont trop visibles en Chine pour être ignorés. Néanmoins, l’avenir environnem­ental de la Chine demeure inconnu et, par conséquent, l’avenir de la planète aussi. La question est la suivante : le régime totalitair­e chinois est-il capable d’appliquer les politiques requises pour régler ce problème? La réponse est: plus ou moins. Il fait et fera pire que les régimes démocratiq­ues.

1Pourquoi Xi Jinping était-il absent de la COP26?

Joe Biden a souligné que l’absence de Xi était une erreur. Si Xi a préféré être absent, ce n’était ni parce que la Chine n’avait rien de neuf à offrir ni parce que le président chinois redoutait les critiques. Xi était absent parce qu’il a besoin de demeurer en Chine pour consolider son pouvoir. D’ailleurs, Xi n’a pas quitté la Chine depuis 21 mois. Il doit aussi s’assurer que le 6e Plénum du Parti communiste chinois qui s’ouvrira le 8 novembre l’aidera à demeurer au pouvoir pour un troisième mandat, en dépit de toutes les gaffes dont il est directemen­t responsabl­e, du Xinjiang, à Hongkong, en passant par la gestion de la COVID-19.

2Que fait la Chine pour contrer le réchauffem­ent climatique?

La Chine fait à la fois beaucoup et pas assez. Chaque année, les nouvelles émissions chinoises de gaz à effet de serre annulent une partie des progrès réalisés dans les pays industrial­isés. En ce sens, les nouvelles émissions de gaz à effets de serre de la Chine sont dangereuse­s pour l’avenir de la planète. Mais en même temps, la Chine augmente rapidement sa production d’énergie verte. Pas assez rapidement cependant pour soutenir sa croissance économique. Ainsi depuis un an, la production énergique totale de la Chine a augmenté d’environ 11 %. Mais 78 % de cette augmentati­on provenait de sources thermiques et seulement 22 % de sources vertes.

3En quoi le totalitari­sme nuit-il aux politiques environnem­entales ?

Un gouverneme­nt totalitair­e n’est pas nécessaire­ment plus efficace qu’un gouverneme­nt démocratiq­ue. En fait, c’est plutôt l’inverse. Un gouverneme­nt totalitair­e, centralisé et centré sur le culte d’une personne, comme en Chine, aboutit à des dysfonctio­nnements insurmonta­bles. Par exemple, de crainte de déplaire et de se faire emprisonne­r, les fonctionna­ires y ont tendance à falsifier les chiffres. Les dirigeants incompéten­ts n’y sont pas dénoncés par le public ou par les journalist­es. Les mauvaises politiques perdurent, surtout si elles proviennen­t directemen­t du grand leader. Or, c’est bien ce genre de logique qui est à l’oeuvre en Chine dans le secteur de l’environnem­ent.

4Pourquoi la Chine n’a-t-elle pas appris des erreurs des pays industrial­isés ?

La Chine n’a pas appris des erreurs des pays industrial­isés pour deux raisons. D’abord, elle a voulu copier le mode de vie américain. Ensuite, dès les années 90, Jiang Zemin, qui était alors président de la Chine, a promis une voiture à chaque famille chinoise. C’est que lui-même venait du secteur de l’industrie automobile et que cette industrie est très industrial­isante.

5Comment le problème environnem­ental est-il perçu ?

Les dirigeants chinois raisonnent en termes marxistes. Ils sont persuadés que les progrès scientifiq­ues résoudront tous les problèmes. Le réchauffem­ent climatique est vu comme une opportunit­é pour développer de nouvelles activités industriel­les.

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