Le Journal de Quebec

Comment ce grand amour a-t-il pu s’éteindre ?

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Je vous écris pour calmer les vagues de peine qui montent en moi. J’ai 55 ans et je partageais la vie d’un homme de mon âge depuis 15 ans, quand j’ai découvert qu’il me trompait avec une plus jeune. Je l’ai quitté. On n’avait pas eu d’enfant ensemble puisqu’il n’en voulait pas et que j’avais déjà une fille de mon premier mari. Ce bouleverse­ment a remis ma vie en perspectiv­e. Depuis, je me sens tellement coupable, au point de craindre pour ma santé. Voici un résumé de tout ça.

À 23 ans, j’avais fait la connaissan­ce d’un médecin dont je suis tombée amoureuse. Il avait 50 ans et trois enfants au moment de notre rencontre, mais il a accepté de laisser sa femme pour moi. C’était le bonheur total et je me sentais prête à faire ma vie avec lui. Nous avons traversé ensemble mille tempêtes, vu ce que je bousculais dans sa vie, mais sur le coup, je n’en mesurais pas l’ampleur.

Et le fameux démon du midi m’a rattrapée à l’aube de mes 40 ans. Mon mari avait alors pris une semi-retraite et je trouvais que je m’enlisais avec lui. Je suis donc partie avec un homme de mon âge, quasiment sans états d’âme, alors que ma fille avait 16 ans, et que l’idée de se séparer de ses demi-soeurs la bouleversa­it.

Les années ont passé, la poussière est retombée, et mon ex-mari est décédé en 2019. En dépit des demandes de ma fille, je ne m’étais pas rendue à son chevet pendant sa maladie. Je n’avais pas envie de m’humilier à ce point, vu l’échec de ma vie amoureuse à peu près au même moment.

Ma fille m’a pardonné, mais moi je n’y parviens pas. Je réalise que ce que j’avais fait de mal autrefois à une autre femme a fini par me retomber dessus. Ce n’est pas juste la COVID qui m’a exclue du monde, je m’en suis exclue moi-même. Est-ce que vous croyez personnell­ement à la loi du talion ? Est-ce que vous pensez que le juste retour des choses est une loi universell­e à laquelle personne n’échappe ?

Comment me faire pardonner d’une personne qui n’est plus de ce monde ?

Une femme qui souffre

Quand les dés sont jetés, on ne peut plus les reprendre, encore moins quand la mort a fait son oeuvre. Ce n’est plus à votre exconjoint de vous pardonner, mais à vous-même de le faire. Arrêtez d’espérer l’impossible pour vous concentrer sur le possible. Écrivez-lui un mot pour faire amende honorable, et envoyez ce mot dans l’univers. Je me risque aussi à suggérer de vous ouvrir à votre fille sur les regrets que vous avez envers son père. L’amour est un sentiment difficilem­ent explicable. Pourquoi vient-il, pourquoi part-il ? Nul ne sait. On sait juste que certains passages de nos vies causent parfois des ravages avec lesquels il faut apprendre à composer ensuite, en dépit de l’existence ou pas du juste retour des choses.

Ma mère me répète sans fin que je suis la seule responsabl­e de mon bonheur, alors que moi je sens qu’elle cherche à ne plus s’impliquer dans ma vie en refusant de me donner l’argent dont j’ai besoin. Et je trouve ça mesquin de sa part vu qu’elle jouit de l’héritage laissé par mon père.

Fille flouée par sa mère

Je ne sais pas si votre mère est mesquine, mais comme c’est à elle que votre père a légué ses biens, c’est à elle de décider ce qu’elle en fait. Par contre, elle a parfaiteme­nt raison de dire que votre bonheur dépend de vous et de personne d’autre, et surtout pas d’une somme d’argent qu’elle pourrait vous donner.

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