Le Journal de Quebec

Les Québécois ouverts au privé

La réforme proposée par le ministre Christian Dubé est bien accueillie

- PATRICK BELLEROSE

Une majorité de Québécois sont prêts à faire plus de place au privé en santé, comme le propose Christian Dubé. Mais s’ils sont d’accord avec les principale­s mesures de sa réforme, le ministre aura la lourde tâche de convaincre les citoyens échaudés que cette fois-ci est la bonne.

En effet, l’idée d’« augmenter le recours au privé pour offrir des soins de santé » recueille l’appui de 60 % des répondants à un sondage Léger mené du 14 au 17 avril derniers (voir méthodolog­ie). Seulement 24 % des Québécois sont fermement opposés à l’idée, tandis que 16 % ne savent pas ou refusent de répondre.

Pour le vice-président de la firme Léger, Christian Bourque, ce résultat signifie que les électeurs sont ouverts au principe, mais attendent d’en connaître les détails. « Le gouverneme­nt doit faire ses devoirs pour dire quelle sera l’implicatio­n du privé, comment ce sera fait, explique-t-il. Il reste des gens à convaincre à ce niveau-là. »

En dévoilant ses 50 mesures pour réformer la santé, fin mars, le ministre de la Santé affirmait vouloir confier plus de chirurgies aux cliniques médicales privées, sans que le patient ait à débourser un sou.

Même si la propositio­n obtient la note de passage, il s’agit de l’élément de la réforme « qui polarise le plus » parmi celles testées auprès des citoyens, dit M. Bourque. « Avec 24 % d’opposants, c’est quand même un Québécois sur quatre », note-t-il.

PÉDAGOGIE

De la même façon, le ministre Dubé devra prendre son bâton de pèlerin pour expliquer aux électeurs comment le Guichet unique d’accès à des services de première ligne leur permettra de voir un profession­nel de la santé (omnipratic­ien, infirmière ou pharmacien) sans nécessaire­ment avoir un médecin attitré. « Même chose pour la décentrali­sation : ça veut dire quoi ? » souligne Christian Bourque.

Christian Dubé peut toutefois compter sur l’appui massif des Québécois pour confier à d’autres profession­nels certains soins prodigués par des médecins : 85 % des répondants y sont favorables.

Les électeurs semblent donc avoir pardonné à la CAQ d’avoir abandonné sa promesse d’offrir un médecin de famille pour tous.

La pandémie a aussi sensibilis­é la population à la nécessité d’injecter plus d’argent dans le réseau. L’idée d’améliorer les conditions de travail du personnel obtient l’appui de 87 % des répondants. L’augmentati­on de l’offre en soins à domicile (86 %) et le recrutemen­t massif de personnel (84 %) font aussi largement consensus.

Par contre, seulement 39 % des répondants ont bon espoir que Christian Dubé réussira à réformer le réseau de la santé. Malgré tout, le gestionnai­re de carrière constitue le meilleur atout du gouverneme­nt Legault : 32 % des répondants jugent qu’il est le meilleur ministre de la Santé des 20 dernières années, loin devant son plus proche rival, Philippe Couillard, qui recueille seulement 6 %.

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