Études supérieures au Grand Nord
Québec étudie la possibilité de créer un centre d’études collégiales au Nunavik afin d’offrir sur place un enseignement postsecondaire aux étudiants qui doivent pour l’instant s’exiler au sud durant de nombreuses années.
Le ministère de l’enseignement supérieur réalisera une étude, au cours de la prochaine année, afin de déterminer si un cégep ou l’antenne d’une université québécoise pourrait s’installer dans cette région du Nord-du-québec, peuplée de seulement 12 000 habitants, mais d’une superficie plus grande que l’allemagne.
« C’est difficile de dire, pour le moment, avant le début des travaux, la forme que ça prendra. Ça pourrait être un centre d’études collégiales, ça pourrait être un centre avec plusieurs niveaux postsecondaires, des campus satellitaires… Nous n’avons pas encore déterminé ce qui répondrait le mieux à nos besoins », explique Lisa Mesher, directrice des services aux étudiants du postsecondaire de Kativik Ilisarniliriniq, la commission scolaire du Nunavik.
S’EXILER POUR ÉTUDIER
Mais les besoins sont criants. En ce moment, les jeunes qui souhaitent poursuivre des études postsecondaires doivent s’exiler dans le sud du Québec. Ils fréquentent principalement les cégeps Montmorency ou John Abbott, avant de prendre la route de l’université.
« Ils peuvent être partis trois, quatre, cinq ans », dit Lisa Mesher, en rappelant que les 14 communautés du Nunavik sont accessibles uniquement par avion.
Bien souvent, ces jeunes vivent un choc culturel, en plus de s’ennuyer de leur famille et de leur communauté.
« On a plusieurs étudiants qui, même s’ils veulent poursuivre leurs études postsecondaires, décident de quitter parce que c’est tellement différent. Le Nunavik et le sud sont très différents », raconte Mme Mesher.
AUTONOMIE
Avec des installations au nord, Kativik Ilisarniliriniq espère améliorer les taux de diplomation postsecondaire. Selon les chiffres disponibles, 3 % de la population du Nunavik détient un DEC et 1 % a en poche un diplôme universitaire.
Former la population locale l’aiderait notamment à être moins dépendante des travailleurs du sud, qui viennent enseigner ou travailler dans les hôpitaux. « Nous avons un gros taux de roulement. […] Les gens viennent pour un an et ensuite on doit les remplacer, parce qu’ils ne viennent pas du Nunavik », explique Lisa Mesher.
Un centre d’études postsecondaires permettrait de perpétuer la culture. On compte y donner des cours en inuktitut, en plus du français ou de l’anglais, et adapter les cours à la réalité locale.
Lisa Mesher donne l’exemple d’un programme actuel au cégep John Abbott, où les jeunes Inuits couvrent notamment la Convention de la Baiejames et du Nord québécois. Méconnue au sud, cette convention est centrale à la création du Nunavik.