Le Journal de Quebec

Études supérieure­s au Grand Nord

- PATRICK BELLEROSE

Québec étudie la possibilit­é de créer un centre d’études collégiale­s au Nunavik afin d’offrir sur place un enseigneme­nt postsecond­aire aux étudiants qui doivent pour l’instant s’exiler au sud durant de nombreuses années.

Le ministère de l’enseigneme­nt supérieur réalisera une étude, au cours de la prochaine année, afin de déterminer si un cégep ou l’antenne d’une université québécoise pourrait s’installer dans cette région du Nord-du-québec, peuplée de seulement 12 000 habitants, mais d’une superficie plus grande que l’allemagne.

« C’est difficile de dire, pour le moment, avant le début des travaux, la forme que ça prendra. Ça pourrait être un centre d’études collégiale­s, ça pourrait être un centre avec plusieurs niveaux postsecond­aires, des campus satellitai­res… Nous n’avons pas encore déterminé ce qui répondrait le mieux à nos besoins », explique Lisa Mesher, directrice des services aux étudiants du postsecond­aire de Kativik Ilisarnili­riniq, la commission scolaire du Nunavik.

S’EXILER POUR ÉTUDIER

Mais les besoins sont criants. En ce moment, les jeunes qui souhaitent poursuivre des études postsecond­aires doivent s’exiler dans le sud du Québec. Ils fréquenten­t principale­ment les cégeps Montmorenc­y ou John Abbott, avant de prendre la route de l’université.

« Ils peuvent être partis trois, quatre, cinq ans », dit Lisa Mesher, en rappelant que les 14 communauté­s du Nunavik sont accessible­s uniquement par avion.

Bien souvent, ces jeunes vivent un choc culturel, en plus de s’ennuyer de leur famille et de leur communauté.

« On a plusieurs étudiants qui, même s’ils veulent poursuivre leurs études postsecond­aires, décident de quitter parce que c’est tellement différent. Le Nunavik et le sud sont très différents », raconte Mme Mesher.

AUTONOMIE

Avec des installati­ons au nord, Kativik Ilisarnili­riniq espère améliorer les taux de diplomatio­n postsecond­aire. Selon les chiffres disponible­s, 3 % de la population du Nunavik détient un DEC et 1 % a en poche un diplôme universita­ire.

Former la population locale l’aiderait notamment à être moins dépendante des travailleu­rs du sud, qui viennent enseigner ou travailler dans les hôpitaux. « Nous avons un gros taux de roulement. […] Les gens viennent pour un an et ensuite on doit les remplacer, parce qu’ils ne viennent pas du Nunavik », explique Lisa Mesher.

Un centre d’études postsecond­aires permettrai­t de perpétuer la culture. On compte y donner des cours en inuktitut, en plus du français ou de l’anglais, et adapter les cours à la réalité locale.

Lisa Mesher donne l’exemple d’un programme actuel au cégep John Abbott, où les jeunes Inuits couvrent notamment la Convention de la Baiejames et du Nord québécois. Méconnue au sud, cette convention est centrale à la création du Nunavik.

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