Le Journal de Quebec

Un SOS pour les abeilles

Le MAPAQ a ouvert une enquête pour déterminer la cause de leurs décès

- ANNE-SOPHIE POIRÉ

Le début de la saison du miel est brutal pour plusieurs apiculteur­s du Québec qui enregistre­nt des pertes records d’abeilles, si bien que le MAPAQ a ouvert une enquête. La cause probable ? Les changement­s climatique­s.

« On a fait l’hivernage des abeilles comme d’habitude. Mais boum ! Ça nous a fait un grand choc. On a perdu plus de 70 % de nos ruches, 140 sur 195 ; les autres années, on perdait en moyenne 5 % de nos ruches », signale la propriétai­re de Miel l’été doré, en Estrie, Tammy-lyne Comtois Fortier.

Partout dans la province, on observe une hausse inquiétant­e de la mortalité hivernale des colonies d’abeilles, bien plus élevée que la moyenne de 21 % de l’année précédente.

« Ça fait 40 ans qu’on produit du miel. Nos 400 ruches sont hivernées à l’extérieur, toujours au même endroit. On a des pertes plus que la normale cette année, minimum 35 %, et on n’a pas fini de tout vérifier. Normalemen­t, ça tourne entre 10 et 20 % », souligne la propriétai­re de la miellerie Lune de Miel, à Stoke, Carole Huppé.

Même constat pour l’école d’apiculture nomade Melifera. « On a perdu 16 ruches sur 35. C’est énorme ! Habituelle­ment, on perd une ou deux ruches maximum », fait valoir sa copropriét­aire Virginie Tardif.

« Cette année on a perdu plus de ruches qu’à l’habitude, 28 % plutôt que 10 % », témoigne Declan Rankin Jardin, cofondateu­r d’alvéole, une entreprise majeure dans le domaine de l’apiculture au Québec et ailleurs dans le monde.

Devant l’hécatombe, le ministère de l’agricultur­e, des Pêcheries et de l’alimentati­on (MAPAQ) a ouvert une enquête.

CHANGEMENT­S CLIMATIQUE­S

La cause la plus vraisembla­ble pointée par les experts : le varroa, un parasite arrivé au Québec au début des années 1990.

À la faveur des chaleurs hâtives du printemps qui s’étirent jusqu’à l’automne, cet acarien connaît les conditions parfaites pour proliférer. Mais, pour les apiculteur­s interrogés, le varroa n’est pas le seul responsabl­e de la mortalité des colonies d’abeilles.

« Les abeilles vivent avec le parasite depuis longtemps, mais cette année, je ne crois pas que ce soit juste ça. On mesure régulièrem­ent le taux de varroa, et il était très bas dans nos ruches », assure Mme Comtois Fortier.

Les changement­s climatique­s nuisent aux abeilles et font hausser leur taux de mortalité, détaille le préposé aux renseignem­ents entomologi­ques de l’insectariu­m de Montréal, André-philippe Drapeau Picard.

« Avec les changement­s climatique­s, la production de miel diminue d’année en année », explique Mme Huppé, une apicultric­e d’expérience. « Dans notre région, le miel d’automne était notre grosse production. Mais il fait tellement chaud et sec durant l’été que les fleurs sauvages meurent très rapidement à l’automne. Depuis 7 ou 8 ans, c’est très difficile. »

CULTURE MARAÎCHÈRE COMPROMISE

La situation inquiète les producteur­s maraîchers. La reproducti­on de près de 90 % des plantes sauvages à fleurs – comme les bleuets – dépend des pollinisat­eurs.

Résultat ? « Le manque de pollinisat­eurs a un impact direct sur notre production. Il risque d’y avoir moins de bleuets sur le marché et donc, ils seront plus chers pour les consommate­urs », précise Nicolas Pedneault, président du Syndicat des producteur­s de bleuets du Québec.

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1. Tammy-lyne Comtois Fortier, propriétai­re de Miel l’été doré, en Estrie.
1 1. Tammy-lyne Comtois Fortier, propriétai­re de Miel l’été doré, en Estrie.
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PHOTOS COURTOISIE ET VIRGINIE TARDIF 3. Une des ruches de l’école d’apiculture nomade Melifera. 3
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2. Virginie Tardif et Vincent Philippepi­card, propriétai­res de l’école d’apiculture nomade Melifera. 2

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