Le Journal de Quebec

Quand pénurie de main-d’oeuvre rime avec cauchemar

- MAKA KOTTO Ex-ministre de la Culture et des Communicat­ions maka.kotto@quebecorme­dia.com

Derrière tout entreprene­ur, il y a un être humain aujourd’hui aux prises avec moult défis, notamment celui de la pénurie de main-d’oeuvre. L’état d’esprit de nos entreprene­urs fait rarement l’objet de nos conversati­ons publiques. Or, ce sujet est aussi préoccupan­t que celui de la pénurie de main-d’oeuvre à proprement parler.

D’emblée, rappelons-nous que la pénurie de main-d’oeuvre ne date pas du début de la pandémie… De l’ancien monde, celui d’avant la COVID-19, on se souvient que la plupart de ces entreprene­urs étaient habités par la passion et la joie, tellement ils adoraient travailler et contribuer certes à la richesse de leurs entreprise­s, mais aussi à celle de la nation.

Dans l’ancien monde, dans leur domaine d’expertise, bon an, mal an, nos entreprene­urs se débrouilla­ient néanmoins, chacun avec son génie propre, malgré les problèmes que créait le manque de personnel.

LA QUALITÉ DE VIE

Dans le monde d’aujourd’hui, les problèmes générés par la pénurie de main-d’oeuvre sont légion dans bon nombre de petites et moyennes entreprise­s québécoise­s. Et la gestion du personnel s’y apparente à un exercice de funambulis­me sans harnais de sécurité.

Jadis rayonnants, de nombreux entreprene­urs affichent aujourd’hui des humeurs dépitées. Découragem­ents et déprimes sont de la partie. Il faut y voir, car ils sont nombreux à vouloir jeter l’éponge pour passer à autre chose ; ce qui n’est pas un bon signe...

Cette « autre chose », c’est notamment une meilleure qualité de vie. Incidemmen­t, c’est également ce que recherche constammen­t la « jeune main-d’oeuvre rare » disponible qui priorise son bien-être relativeme­nt au travail.

RARES ET « PRÉCIEUX »

Mathématiq­uement, cette jeune maind’oeuvre est loin de combler les besoins des entreprise­s en la matière. Mais elle est précieuse…

Bien consciente de sa valeur, elle est plus encline à défendre ses intérêts et à imposer ses propres règles aux patrons dans le cadre de son travail en entreprise.

C’est à prendre ou à laisser. Une règle, une interpella­tion ou une remarque « de travers », elle n’hésite pas à aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs…

Avec cette main-d’oeuvre rare et volatile, on constate que le modèle ancien, celui des boomers, ancré dans les valeurs : 1) travail, 2) famille et 3) social, a déjà pris le bord. De plus, « travail » ne rime plus véritablem­ent avec passion ou vocation…

À la lumière des défis générés par ce qu’il conviendra­it selon moi de nommer « la crise de la main-d’oeuvre », il est évident que les entreprene­urs n’y arriveront pas seuls. Une relecture politique structuran­te, collective et consensuel­le des paradigmes de travail en entreprise est impérative et urgente. Il y va de l’avenir économique de la nation.

« Le monde que nous avons créé est un processus de notre pensée. Il ne peut pas être modifié sans changer notre façon de penser. » – Albert Einstein

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Jour après jour, la situation de pénurie de la main-d’oeuvre se dégrade au Québec et ailleurs au Canada.
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