Le Journal de Quebec

Ovation pour le dernier des grands

Guy Lafleur a été l’objet d’un hommage émouvant avant le match contre les Bruins

- Jonathan Bernier Jbernierjd­m

La famille de Guy Lafleur a souvent affirmé que le légendaire ailier droit appartenai­t davantage au peuple qu’à ses proches. Hier soir, les partisans ont communié leur amour envers leur idole, le dernier des grands héros du Canadien.

Comme Maurice Richard et Jean Béliveau avant lui, Guy Lafleur a eu droit à une ovation sentie et soutenue avant la confrontat­ion entre le Tricolore et les Bruins, cette équipe que Lafleur a si souvent fait souffrir.

Une ovation de 9 min 15 s au cours desquelles les Guy! Guy Guy! et les Olé! Olé! Olé! se sont succédé, alors que Michel Lacroix tentait, en vain, d’inviter les 21 105 spectateur­s à respecter une minute de silence.

Comme il sait si bien le faire, le Canadien a fait un travail colossal pour offrir un hommage à la grandeur de l’homme et du joueur qu’était Lafleur.

D’abord en affichant le numéro 10 derrière chacun des filets, puis en retirant toutes les publicités sur les bandes pour les remplacer par des mentions faisant référence au disparu.

Les spectateur­s ont pu revisiter certains des grands moments de la carrière de la fierté de Thurso en regardant les vidéos hommages diffusés sur l’écran géant.

Son arrivée avec le Canadien, ses saisons de 50 buts, ses moments avec le Gros Bill et le Rocket (les deux autres membres de la Ste-trinité du Canadien) et quelques-uns de ses faits d’armes les plus importants n’ont pas manqué de raviver les souvenirs.

Et que dire du fameux but égalisateu­r contre les Bruins de Boston, lors du septième match de la demi-finale de 1979, que les spectateur­s n’ont pas manqué de célébrer comme s’il se passait réellement devant leurs yeux.

SUR LES GENOUX DE PAPA

Pour ajouter une touche émotive à ces souvenirs marquants, L’essentiel , de Ginette Reno, et My Way, popularisé­e par Frank Sinatra, les deux chansons favorites de Lafleur, jouaient en trame de fond.

On parie que même les partisans des Bruins, dont quelques dizaines de chandails étaient visibles dans les gradins, ont versé une larme. À tout le moins, ce fut le cas sur la passerelle où certains collègues avaient les yeux humides.

Des collègues qui, comme la plupart des spectateur­s, n’ont jamais eu la chance d’assister à ses exploits en personne. Des quarantena­ires qui, à la vue de ces séquences, se sont sans doute revus en pyjama, devant le téléviseur du salon, assis sur les genoux de leur papa pour regarder La Soirée du hockey.

Ainsi, après avoir vu les aïeux se trémousser à La Soirée canadienne , ils pouvaient admirer la crinière de Lafleur s’élancer sur l’aile droite pour décocher un tir frappé dans le coin opposé inférieur. Ce tir avec lequel le numéro 10 parvenait toujours à secouer les cordages, même si le gardien adverse connaissai­t ses intentions.

UNE VAGUE D’AMOUR

Cette vague d’amour n’a en rien surpris la douzaine d’anciens coéquipier­s de Lafleur, qui prenaient place derrière le banc du Canadien pour cette rencontre.

« Ça ne me surprend pas, car il a donné tellement d’amour, a rappelé Réjean Houle. Tout le monde considère Guy comme étant un fils ou un membre de sa famille. Il n’y a pas de prix rattaché à ça. »

Depuis l’annonce du décès de Lafleur, vendredi, des centaines de milliers de personnes ont publié des photos d’elles en compagnie de Lafleur sur les réseaux sociaux. La plus belle preuve de sa grande disponibil­ité.

« Tout le monde a un souvenir de Guy parce qu’il était dévoué. Il se présentait à un paquet d’événements. Il était toujours disponible pour le public, a souligné Pierre Bouchard. Il ne refusait jamais rien et était disponible pour tout le monde. Les gens se souviennen­t de chaque petit élément. Aujourd’hui, ça lui revient. Même s’il n’est pas là pour le voir. »

UN 9e REVERS DE SUITE

Le reste de la soirée fut à l’image de la saison. Bien que les troupiers de Martin St-louis ont démontré de l’émotion, ils ont difficilem­ent contenu les Bruins de Boston, détenteurs d’une priorité de 50 points sur le Canadien, avant le match.

Encouragés par les Guy! Guy! Guy! scandés en troisième période, les Montréalai­s ont entrepris une remontée. Ils se sont tout de même inclinés par la marque de 5 à 3, subissant du même coup un neuvième revers consécutif en temps réglementa­ire. Une disette qui ne s’était pas vue chez le Canadien depuis le 6 janvier 1940.

Avant de quitter la surface de jeu, les joueurs du Tricolore se sont réunis sous la bannière du numéro 10 accrochée au plafond de l’amphithéât­re.

Guy Lafleur reposera en chapelle ardente au Centre Bell, les dimanche 1er mai, de 12hà20h,etlundi2ma­i,de10h30à

15 h. Les funéraille­s se tiendront le mardi 3 mai, à 11 h, à la cathédrale Marie-reinedu-monde.

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PHOTO MARTIN CHEVALIER Pendant plus de neuf minutes, hier, les spectateur­s réunis au Centre Bell ont réservé une émouvante ovation à leur héros et immortel Guy Lafleur.
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 ?? PHOTO MARTIN CHEVALIER ?? Un vibrant hommage a été rendu à la mémoire de Guy Lafleur le 24 avril 2022 au Centre Bell, à Montréal.
PHOTO MARTIN CHEVALIER Un vibrant hommage a été rendu à la mémoire de Guy Lafleur le 24 avril 2022 au Centre Bell, à Montréal.

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