La majorité des adolescents regardent de la pornographie
Une étude permet d’en savoir plus sur les pratiques sexuelles des jeunes québécois
Les adolescents québécois ne sont pas nécessairement plus actifs sexuellement qu’avant, mais une majorité d’entre eux regarde à l’occasion de la pornographie à l’écran, une pratique répandue chez 85 % des garçons.
Voilà l’une des conclusions tirées d’une étude sur les pratiques sexuelles des jeunes Québécois réalisée auprès de 1584 adolescents âgés de 14 à 18 ans dans neuf écoles secondaires de la région de Québec, dont les résultats sont présentés cette semaine dans le cadre du colloque de L’ACFAS (un regroupement francophone pour le savoir).
On y apprend qu’environ le tiers des adolescents ont eu des relations sexuelles complètes ou orales, une proportion qui n’a pas vraiment évolué depuis les années 1980, indique Judith Kotiuga, étudiante au doctorat en psychologie clinique à l’université Laval, qui a réalisé cette recherche.
Les adolescents ont toutefois été sondés sur plusieurs autres pratiques sexuelles, qui vont bien au-delà du sexe oral et de la pénétration (voir encadré).
« Ce qu’on voit principalement comme différence, c’est l’accès aux nouvelles technologies. Avant, la consommation de matériel pornographique se faisait par des magazines et il y avait un certain tabou qui l’entourait. Maintenant, c’est très très accessible », souligne Mme Kotiuga.
SEXTOS ET PORNO
L’étude permet notamment d’apprendre que 30 % des adolescents ont déjà envoyé des sextos (incluant des photos ou des vidéos) et que 68 % des jeunes regardent volontairement de la pornographie à l’occasion, dont 55 % dès l’âge de 14 ans.
La proportion de garçons qui en consomment est beaucoup plus élevée, à 85 %.
L’impact de cette pratique doit toutefois être nuancé à la lumière de résultats préliminaires obtenus, précise Judith Kotiuga.
Lorsque le visionnement de contenu pornographique s’inscrit dans une progression de contacts impliquant un partenaire, les jeunes sont davantage capables de faire la distinction entre ce qui est représenté à l’écran et ce qu’ils recherchent dans la vraie vie, dit-elle.
Chez une minorité de jeunes dont les expériences sexuelles sont uniquement basées sur la pornographie, cette attitude est toutefois différente. Par ailleurs, la proportion de jeunes qui visionnent du matériel pornographique plus violent est très faible, souligne la chercheuse.
L’ÉDUCATION, LA CLÉ
L’éducation demeure la clé pour aider les jeunes à développer leur esprit critique, ajoute-t-elle.
« Mettre la faute quasi exclusivement sur la pornographie ou les réseaux sociaux, ce n’est pas très productif, même si c’est ce qu’on a tendance à faire en général », affirme-t-elle.
Au cours des dernières années, des efforts ont été faits pour développer des contenus d’éducation à la sexualité en lien avec la réalité des jeunes, mais il reste encore beaucoup faire, notamment pour mieux accompagner les jeunes dans l’utilisation des technologies numériques en lien avec le développement de leur sexualité, ajoute Judith Kotiuga.
Par ailleurs, contrairement à certaines idées reçues, certaines pratiques sexuelles « qui font jaser », comme celles impliquant plus d’un partenaire à la fois, sont pratiquées par une très faible proportion de jeunes (environ 2 %), ce qui ne démontre pas de progression à ce chapitre, indique l’étudiante.