Un plan pour mettre fin à l’école à trois vitesses
Pour mettre fin au système d’éducation à trois vitesses, le mouvement citoyen École ensemble propose de financer à 100 % les écoles privées pour qu’elles deviennent des écoles de quartier gratuites et non sélectives, mais toujours autonomes.
Avec ses écoles privées, ses projets particuliers sélectifs dans les écoles publiques et le programme régulier, le système scolaire québécois est devenu le plus inéquitable au Canada, selon un rapport du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) publié en 2016.
« La recherche le répète depuis longtemps, plus les classes sont diversifiées, plus les taux de réussite augmentent », affirme Claude Lessard, ancien président du CSE et aujourd’hui président du mouvement École ensemble.
Pour y arriver, un mouvement fondé par des parents propose non pas d’abolir les subventions aux écoles privées, mais plutôt de les financer à 100 % pour créer un « réseau scolaire commun » pour mettre un terme à la concurrence en éducation.
LE PRIVÉ FINANCÉ À 100 %
Dans une proposition étoffée rendue publique hier, École ensemble propose de transformer les écoles privées en établissements autonomes, désormais financés à 100 %. Ces écoles auraient un bassin scolaire attitré, comme n’importe quelle école de quartier : exit les frais de scolarité et la sélection à l’entrée.
Les établissements « privés conventionnés » ne seraient toutefois pas intégrés au réseau public puisqu’ils ne seraient pas gérés par les centres de services scolaires, mais conserveraient leur statut juridique actuel et donc leur propre administration.
Dans les centres de services scolaires, les bassins scolaires seraient toutefois entièrement redéfinis pour tenir compte de la présence des écoles autonomes, selon des critères « optimisés » afin d’éviter « que la non-mixité résidentielle des quartiers ne se transfère aux écoles », selon la proposition rendue publique hier.
FIN DU MAGASINAGE SCOLAIRE
Cette proposition vise aussi à mettre fin au magasinage scolaire : l’élève fréquenterait l’école associée à son lieu de résidence.
Toutes les écoles du réseau commun offriraient un libre choix de parcours particuliers gratuits. L’horaire des écoles serait modifié pour y inclure une cinquième période consacrée à des cours au choix permettant de bonifier la formation générale.
Les écoles privées qui ne souhaiteraient pas intégrer le réseau commun deviendraient des établissements privés « non conventionnés », qui ne recevraient aucune subvention et pourraient continuer à sélectionner leurs élèves et à imposer des frais de scolarité, comme en Ontario.
La transition se ferait graduellement sur six ans et permettrait, à terme, des économies annuelles nettes d’environ 100 millions $ en fonds publics, selon une étude réalisée par l’économiste François Delorme de l’université de Sherbrooke.
Cette feuille de route s’inspire en bonne partie du modèle finlandais, où les écoles privées sont financées à 100 % et intégrées dans un réseau scolaire commun depuis les années 70.