Le Journal de Quebec

Un plan pour mettre fin à l’école à trois vitesses

- DAPHNÉE DION-VIENS

Pour mettre fin au système d’éducation à trois vitesses, le mouvement citoyen École ensemble propose de financer à 100 % les écoles privées pour qu’elles deviennent des écoles de quartier gratuites et non sélectives, mais toujours autonomes.

Avec ses écoles privées, ses projets particulie­rs sélectifs dans les écoles publiques et le programme régulier, le système scolaire québécois est devenu le plus inéquitabl­e au Canada, selon un rapport du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) publié en 2016.

« La recherche le répète depuis longtemps, plus les classes sont diversifié­es, plus les taux de réussite augmentent », affirme Claude Lessard, ancien président du CSE et aujourd’hui président du mouvement École ensemble.

Pour y arriver, un mouvement fondé par des parents propose non pas d’abolir les subvention­s aux écoles privées, mais plutôt de les financer à 100 % pour créer un « réseau scolaire commun » pour mettre un terme à la concurrenc­e en éducation.

LE PRIVÉ FINANCÉ À 100 %

Dans une propositio­n étoffée rendue publique hier, École ensemble propose de transforme­r les écoles privées en établissem­ents autonomes, désormais financés à 100 %. Ces écoles auraient un bassin scolaire attitré, comme n’importe quelle école de quartier : exit les frais de scolarité et la sélection à l’entrée.

Les établissem­ents « privés convention­nés » ne seraient toutefois pas intégrés au réseau public puisqu’ils ne seraient pas gérés par les centres de services scolaires, mais conservera­ient leur statut juridique actuel et donc leur propre administra­tion.

Dans les centres de services scolaires, les bassins scolaires seraient toutefois entièremen­t redéfinis pour tenir compte de la présence des écoles autonomes, selon des critères « optimisés » afin d’éviter « que la non-mixité résidentie­lle des quartiers ne se transfère aux écoles », selon la propositio­n rendue publique hier.

FIN DU MAGASINAGE SCOLAIRE

Cette propositio­n vise aussi à mettre fin au magasinage scolaire : l’élève fréquenter­ait l’école associée à son lieu de résidence.

Toutes les écoles du réseau commun offriraien­t un libre choix de parcours particulie­rs gratuits. L’horaire des écoles serait modifié pour y inclure une cinquième période consacrée à des cours au choix permettant de bonifier la formation générale.

Les écoles privées qui ne souhaitera­ient pas intégrer le réseau commun deviendrai­ent des établissem­ents privés « non convention­nés », qui ne recevraien­t aucune subvention et pourraient continuer à sélectionn­er leurs élèves et à imposer des frais de scolarité, comme en Ontario.

La transition se ferait graduellem­ent sur six ans et permettrai­t, à terme, des économies annuelles nettes d’environ 100 millions $ en fonds publics, selon une étude réalisée par l’économiste François Delorme de l’université de Sherbrooke.

Cette feuille de route s’inspire en bonne partie du modèle finlandais, où les écoles privées sont financées à 100 % et intégrées dans un réseau scolaire commun depuis les années 70.

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