Le sauve-qui-peut libéral
À cinq mois des élections générales, le Parti libéral du Québec perd certains de ses meilleurs éléments. À l’instar du départ annoncé hier du très respecté Pierre Arcand, député, ex-ministre et ex-chef intérimaire, près de la moitié de ses députés ont choisi de quitter la politique.
C’est une véritable saignée. Un exode gênant. Un indéniable sauve-qui-peut.
Habitué à de longs séjours au pouvoir, depuis sa défaite historique de 2018, à la suite du règne désastreux de Philippe Couillard, le PLQ croupit aux abonnés absents.
Chez les francophones, dont la lune de miel avec le gouvernement Legault se poursuit ardemment, il vivote à 10 % d’appuis seulement. Ça craque même au sein de son électorat anglophone le plus fidèle.
Propulsée par les positions jugées mollassonnes de la cheffe Dominique Anglade sur le projet de loi caquiste visant à renforcer la loi 101, la création possible de deux mini-partis anglophones ajoute aux malheurs du PLQ.
Dans la mesure où l’écrasement possible du Parti Québécois ne fournit même plus aux libéraux l’argument d’offrir aux anglophones une plus-value refuge contre les « méchants séparatistes », qui sait vraiment quel sera l’impact de ces nouvelles formations dans l’isoloir ? À suivre.
COUP DE GRÂCE
Le coup de grâce est venu néanmoins par la partielle dans Marie-victorin. Reléguée au 5e rang, la candidate libérale s’est vue clenchée par la candidate du Parti conservateur du Québec d’éric Duhaime. Et ce, à un tout petit jet de pierre de Montréal.
On dit qu’à l’impossible nul n’est tenu. Pour Mme Anglade, une telle enfilade de problèmes ne peut cependant qu’affaiblir d’autant plus son leadership déjà chambranlant.
Devant le départ éventuel de près de la moitié de son caucus, la cheffe libérale a beau jurer qu’elle y trouve une formidable occasion de « renouveau », la réalité, elle, est passablement moins optimiste.
Dans un tel contexte, comment ne pas conclure, au pire, à un certain désaveu envers elle au sein même de ses propres troupes. Ou au mieux, au découragement de plusieurs de ses députés face à la certitude d’un autre long passage à l’opposition. Ou encore, à une combinaison des deux.
PENSER À LA RELÈVE
Avec le départ de plusieurs vétérans et des appuis dramatiquement dégarnis chez les électeurs francophones, cet autre passage à l’opposition risque aussi de se faire dans les pires conditions possible.
Pour toutes ces raisons, le PLQ, sans être toutefois menacé d’extinction comme peut l’être le PQ, risque également d’attirer peu de candidatures d’envergure.
Bref, la cheffe libérale pourrait trouver les prochains mois très longs. La campagne électorale, encore plus.
À moins d’un revirement aussi rapide que spectaculaire, Mme Anglade – ironiquement jadis présidente de la CAQ dans une autre vie – pourrait donc vivre ses propres derniers milles en politique active.
En cas de deuxième défaite crèvecoeur d’affilée le 3 octobre prochain, et d’abandon renouvelé du PLQ par la majorité francophone, Dominique Anglade n’aurait alors d’autre choix que de tirer elle-même sa révérence.
Qui serait alors intéressé à prendre sa relève ? Difficile de le prédire, mais une chose est sûre.
À force de voir le parti des Lesage et des Bourassa incapable de se relever même minimalement, les libéraux seraient sages de commencer à se trouver quelques noms intéressants…