Le Journal de Quebec

Le patronat doit en faire beaucoup plus pour la protection du français

La demande intervient alors que certains manoeuvren­t pour bloquer le projet de loi 96

- OLIVIER BOURQUE

Le milieu des affaires et les organisati­ons patronales et commercial­es devront apporter leur contributi­on afin de protéger le français, croit le gouverneme­nt caquiste, alors que le projet de loi 96 devrait être adopté avant la pause estivale.

« La protection de la langue française, notre langue commune, va demander des efforts de tous, y compris les entreprise­s et les chambres de commerce. Il s’agit d’une responsabi­lité collective », a indiqué le cabinet du ministre Simon Jolin-barrette dans une déclaratio­n écrite envoyée au Journal.

Cette mise au point arrive au moment où la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain (CCMM) croit que le renforceme­nt de la Charte de la langue française, projet phare du gouverneme­nt caquiste, rend nerveux les gens d’affaires.

LE SPECTRE DE L’EXODE AGITÉ

Selon un article de canadienne, diverses organisati­ons, comme la CCMM, croient que la loi pourrait nuire à l’économie du Québec et provoquer un nouvel exode d’entreprise­s.

Lors de l’adoption de la loi 101 en 1977, des

La Presse sociétés avaient décidé de quitter le Québec. Le cas le plus célèbre demeure celui de la Sunlife qui avait déménagé ses pénates à Toronto.

Appelée à préciser ses propos, la CCMM n’était pas disponible hier pour commenter le dossier. L’organisati­on a toutefois publié un communiqué affirmant appuyer « l’esprit et les objectifs du projet de loi ».

La Chambre affirme toutefois avoir des réserves au sujet du projet de loi, notamment « à l’égard de certaines dispositio­ns ne tenant pas suffisamme­nt compte de la réalité des entreprise­s ».

Le projet de loi prévoit la francisati­on des PME de 25 à 49 employés. Auparavant, cette exigence visait celles qui ont 50 travailleu­rs et plus.

Un autre article imposerait aux employeurs qu’ils prennent tous « les moyens nécessaire­s » afin d’éviter d’imposer le bilinguism­e pour accéder à un poste ou le conserver.

La CCMM avait été fortement critiquée pour avoir invité le dirigeant d’air Canada, Michael Rousseau, unilingue anglophone, à sa tribune, en novembre dernier.

Le transporte­ur aérien est d’ailleurs l’un des commandita­ires de l’organisati­on, tout comme le Canadien National qui a aussi été dénoncé lors des dernières semaines pour l’omniprésen­ce de l’anglais.

Dans le passé, Simon Jolin-barrette et le PDG de la Chambre, Michel Leblanc, avaient eu des échanges musclés sur le projet de loi, le ministre accusant le président « de faire peur aux entreprise­s ».

Joint par Le Journal, une autre chambre de commerce, celle de Québec, a affirmé que ses membres « ne ressentent pas d’inquiétude » à ce moment-ci par rapport à la loi 96.

LA FCEI CRAINT LA PAPERASSE

Mais une autre organisati­on, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI) se montre déçue du processus et croit que le projet de loi imposera davantage de lourdeur et de coûts aux PME.

« On n’est pas contre le français et le fait de le protéger. Mais on demande beaucoup de paperasse aux entreprise­s de 25 employés et on réduit leur délai. On croit que c’est très lourd pour les PME, surtout en contexte de pénurie de main-d’oeuvre », a souligné François Vincent, vice-président de l’organisati­on.

« LA PROTECTION DE LA LANGUE FRANÇAISE, NOTRE LANGUE COMMUNE, VA DEMANDER DES EFFORTS DE TOUS, Y COMPRIS LES ENTREPRISE­S ET LES CHAMBRES DE COMMERCE. IL S’AGIT D’UNE RESPONSABI­LITÉ COLLECTIVE »

– Cabinet du ministre responsabl­e de la Langue française, Simon Jolin-barrette

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Le PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, Michel Leblanc (à droite), était très content d’entendre le maître de cérémonie présenter le PDG d’air Canada, Michael Rousseau, quelques instants avant le célèbre discours uniquement en anglais de M. Rousseau, en novembre dernier.
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SIMON JOLIN-BARRETTE Ministre

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