Le Bureau de la concurrence dit non à l’achat de Shaw par Rogers
L’organisme dit vouloir protéger les consommateurs de prix encore plus élevés
Les chances que l’acquisition de Shaw par Rogers se concrétise ont considérablement diminué, hier, alors que le Bureau de la concurrence s’est opposé officiellement au projet de fusion.
L’organisme fédéral a indiqué hier avoir déposé une demande d’ordonnance au Tribunal de la concurrence pour qu’il empêche le regroupement. Il a également réclamé une injonction pour empêcher les deux entreprises de télécommunications de conclure la transaction jusqu’à ce que sa demande soit entendue.
Le projet d’acquisition de Shaw par Rogers, une transaction de 26 milliards $, a été annoncé le 13 mars 2021. Le Bureau de la concurrence a expliqué tenter ainsi de protéger les consommateurs contre le risque de prix plus élevés, d’une réduction de qualité des services et d’« une perte de choix, particulièrement en ce qui a trait aux services sans fil ».
« La disparition de Shaw éliminerait un concurrent indépendant et robuste dans le marché du sans-fil au Canada – un concurrent qui a fait baisser les prix, rendu les données plus accessibles et offert des services innovants à ses clients », a déclaré par communiqué le commissaire à la concurrence Matthew Boswell.
PREUVES À L’APPUI
Le Bureau qu’il dirige soutient avoir réalisé une « enquête exhaustive » sur le sujet. Il compte se servir de ses conclusions pour prouver ses allégations devant le Tribunal de la concurrence et le convaincre de bloquer cette transaction.
De son point de vue, l’élimination de Shaw mettrait en péril « les progrès considérables que l’entreprise a accomplis pour accroître la concurrence dans un marché déjà concentré ».
Actuellement, 87 % des abonnés au pays sont concentrés entre les mains de Rogers, de Bell et de Telus.
Par ses diverses marques (Rogers, Fido, Chatr et Cityfone), Rogers regrouperait déjà à elle seule 11,3 millions d’abonnés. Arrivée dans le sans-fil en 2016 (par l’achat de Wind Mobile, devenue Freedom Mobile), Shaw compterait pour sa part 2,1 millions d’abonnés.
Chacune a publié une déclaration hier dans laquelle elles assurent qu’elles demeureront « engagées » dans la transaction, « qui est dans l’intérêt du Canada […] en raison des importants avantages à long terme qu’elle procurera au grand public, aux entreprises et à l’économie ».
Elles s’engagent aussi à se défaire de Freedom Mobile, considérée comme l’élément le plus contesté de la transaction. Samedi, un article du Globe and Mail soutenait que Québecor aurait finalement été invitée à participer à des négociations pour l’achat de Freedom Mobile. L’entreprise n’a pas commenté la nouvelle.
En principe, Rogers et Shaw disposent de 45 jours pour déposer leur réponse au Tribunal. Le Bureau de la concurrence aura 14 jours pour y répondre. La décision finale reviendra au Tribunal.
Hier, le titre de Shaw a reculé de 7,16 % pour s’établir à 34,87 $. Au même moment, Rogers a chuté de 4,14 % à 64,19 $, tandis que Québecor a clôturé à 28,57 $, en baisse de 3,28 %.