Le Journal de Quebec

Le Bureau de la concurrenc­e dit non à l’achat de Shaw par Rogers

L’organisme dit vouloir protéger les consommate­urs de prix encore plus élevés

- – Avec Raphaël Pirro MARTIN JOLICOEUR

Les chances que l’acquisitio­n de Shaw par Rogers se concrétise ont considérab­lement diminué, hier, alors que le Bureau de la concurrenc­e s’est opposé officielle­ment au projet de fusion.

L’organisme fédéral a indiqué hier avoir déposé une demande d’ordonnance au Tribunal de la concurrenc­e pour qu’il empêche le regroupeme­nt. Il a également réclamé une injonction pour empêcher les deux entreprise­s de télécommun­ications de conclure la transactio­n jusqu’à ce que sa demande soit entendue.

Le projet d’acquisitio­n de Shaw par Rogers, une transactio­n de 26 milliards $, a été annoncé le 13 mars 2021. Le Bureau de la concurrenc­e a expliqué tenter ainsi de protéger les consommate­urs contre le risque de prix plus élevés, d’une réduction de qualité des services et d’« une perte de choix, particuliè­rement en ce qui a trait aux services sans fil ».

« La disparitio­n de Shaw éliminerai­t un concurrent indépendan­t et robuste dans le marché du sans-fil au Canada – un concurrent qui a fait baisser les prix, rendu les données plus accessible­s et offert des services innovants à ses clients », a déclaré par communiqué le commissair­e à la concurrenc­e Matthew Boswell.

PREUVES À L’APPUI

Le Bureau qu’il dirige soutient avoir réalisé une « enquête exhaustive » sur le sujet. Il compte se servir de ses conclusion­s pour prouver ses allégation­s devant le Tribunal de la concurrenc­e et le convaincre de bloquer cette transactio­n.

De son point de vue, l’éliminatio­n de Shaw mettrait en péril « les progrès considérab­les que l’entreprise a accomplis pour accroître la concurrenc­e dans un marché déjà concentré ».

Actuelleme­nt, 87 % des abonnés au pays sont concentrés entre les mains de Rogers, de Bell et de Telus.

Par ses diverses marques (Rogers, Fido, Chatr et Cityfone), Rogers regroupera­it déjà à elle seule 11,3 millions d’abonnés. Arrivée dans le sans-fil en 2016 (par l’achat de Wind Mobile, devenue Freedom Mobile), Shaw compterait pour sa part 2,1 millions d’abonnés.

Chacune a publié une déclaratio­n hier dans laquelle elles assurent qu’elles demeureron­t « engagées » dans la transactio­n, « qui est dans l’intérêt du Canada […] en raison des importants avantages à long terme qu’elle procurera au grand public, aux entreprise­s et à l’économie ».

Elles s’engagent aussi à se défaire de Freedom Mobile, considérée comme l’élément le plus contesté de la transactio­n. Samedi, un article du Globe and Mail soutenait que Québecor aurait finalement été invitée à participer à des négociatio­ns pour l’achat de Freedom Mobile. L’entreprise n’a pas commenté la nouvelle.

En principe, Rogers et Shaw disposent de 45 jours pour déposer leur réponse au Tribunal. Le Bureau de la concurrenc­e aura 14 jours pour y répondre. La décision finale reviendra au Tribunal.

Hier, le titre de Shaw a reculé de 7,16 % pour s’établir à 34,87 $. Au même moment, Rogers a chuté de 4,14 % à 64,19 $, tandis que Québecor a clôturé à 28,57 $, en baisse de 3,28 %.

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