Un entraîneur québécois dans le trouble
Steve Huard est accusé d’avoir falsifié des documents pour obtenir des postes en Europe
Un entraîneur de hockey québécois établi en Suisse depuis 11 ans se retrouve dans la tourmente après que le journal Le Matin Dimanche eut publié un long reportage l’accusant de s’être bâti une réputation sur une fausse identité, ce qu’il nie en bloc.
Le Québécois Steve Huard est né en Gaspésie, mais a grandi à Lachine. Depuis 11 ans, il est parti pour la Suisse après avoir rencontré sa femme.
Il a par la suite rapidement monté les échelons dans le hockey en Suisse devenant notamment, en 2017 et 2018, l’entraîneur-chef de l’équipe nationale féminine suisse des moins de 18 ans. Lors des Jeux olympiques de Pyeongchang, en 2018, il était également entraîneur adjoint avec l’équipe helvète féminine.
Mais selon ce qu’avance Le Matin Dimanche, Huard aurait menti sur son passé et sur ses qualifications. Le journal dominical suisse avance que le Québécois aurait utilisé l’identité d’un autre Steve Huard, dont le profil est disponible sur le site Elite Prospects, et qui a joué avec les Gouverneurs de Sainte-foy midget AAA en 1989-1990.
L’erreur été corrigée sur Elite Prospects et le Steve Huard établi en Suisse n’a plus de passé de joueur sur son profil.
FAUX DOCUMENTS ?
Le journal rapporte également que M. Huard aurait présenté de faux documents à la Fédération suisse de hockey afin de faire croire qu’il avait les qualifications nécessaires pour être entraîneur.
Huard aurait présenté une certification Haute Performance 1, qu’il aurait acquise le 1er septembre 2009, ainsi que quatre documents attestant ses compétences.
Toutefois, les services Jeunesses+sports, un programme d’encouragement du sport destiné aux enfants et aux jeunes en Suisse, a conclu en juin 2021 : « Selon les dernières informations recueillies et après vérification, je peux vous certifier que M. Steve Huard (né le 8 août 1978) dont le numéro HCR (NDLR : registre canadien du hockey) est 82360000367 n’a aucune compétence ou niveau d’entraîneur enregistré à son profil. De plus, le numéro de CC116889 de l’association canadienne des entraîneurs (PNCE) ne lui appartient pas. »
Plusieurs intervenants qui ont travaillé avec Huard au cours des onze dernières années ont parlé au journaliste Jean Ammann, certains se disant surpris des allégations, vantant ses qualités d’entraîneur, d’autres pas.
IL NIE TOUT
Joint par Le Journal hier avant-midi, Steve Huard a nié toutes les allégations.
« C’est un reportage rempli de suppositions, de ouï-dire et de demi-vérités », a-t-il déploré lors d’un entretien téléphonique.
« Je suis découragé et je vais défendre bec et ongles ma réputation. J’ai passé beaucoup de temps avec mes avocats récemment et j’ai l’intention de régler ça en cour. Je sais toutefois que ça va prendre deux ans et que, gagne ou perd, le mal est fait. Leur objectif était de me pourrir la vie et ils ont réussi. »
M. Huard persiste et signe : les documents qu’il a fournis à la Fédération de hockey suisse n’ont pas été falsifiés et le profil Elite Prospects n’est qu’un imbroglio.
Il dit avoir fait son hockey mineur dans la région du lac Saint-louis, mais n’a pas voulu donner plus de détails sur son passé, suivant les conseils de ses avocats.
« ÇA DÉRANGE »
Steve Huard n’évolue plus dans le monde du hockey depuis quatre ans. Il a remis sa démission après avoir dirigé l’équipe féminine suisse au Championnat mondial des moins de 18 ans de 2019.
« J’étais tanné de diriger. Ça signifie beaucoup de sacrifices et de voyages. »
L’homme de 43 ans continue tout de même de graviter dans ce monde en Suisse puisqu’il anime un balado intitulé Mecmatch dans lequel il discute de hockey et reçoit des personnalités du hockey suisse.
« Je suis indépendant et je fais ce que je veux, comme je le veux. J’ai été dur envers certains journalistes et certains joueurs, et apparemment, ça dérange plus que je pensais. »
Huard agit à titre de conseiller en Europe pour le capitaine des Remparts de Québec, Théo Rochette. Il n’a pas voulu commenter le reportage du Matin Dimanche.