Le Journal de Quebec

Le réseau public estvidédes­es employés

- HUGO DUCHAINE

Le gouverneme­nt s’engage dans une pente glissante en misant sur les cliniques privées pour réduire l’énorme liste d’attente depuis la pandémie, craignent des médecins.

« De penser que le privé va nous sauver, c’est refuser de voir l’exode du personnel qu’il cause », lance l’omnipratic­ienne Joanie Tremblay-pouliot, des Médecins québécois pour le régime public (MQRP).

« Ce qui explique l’attente, c’est un manque de ressources humaines pour faire rouler les salles opératoire­s, pas un manque d’équipement­s. Le goulot d’étrangleme­nt, c’est parce qu’il manque de personnel. Pas de chirurgien­s, mais beaucoup d’infirmière­s et de technicien­s », poursuit-elle.

PAS PLUS D’INFIRMIÈRE­S

La médecin y voit le phénomène de « la poule et de l’oeuf ». Plus des infirmière­s partent au privé, moins il y en a de disponible­s dans les centaines de salles d’opération des hôpitaux. Et plus le privé est sollicité, plus il recrute.

« On travaille toujours avec les mêmes infirmière­s, elles ne se dédoublent pas », faitelle valoir.

De son côté, la Fédération des médecins spécialist­es du Québec ne croit pas que l’avenir du réseau passe par l’essor des centres médicaux spécialisé­s (CMS).

« Tant qu’on ne reviendra pas aux listes d’attente prépandémi­e, ils vont être utiles, pense le Dr Serge Legault, vice-président de la FMSQ. Si on était capables de rapatrier la clientèle des CMS dans les hôpitaux, ce serait beaucoup plus simple. »

15 % DE PROFIT

Pour la chercheuse spécialisé­e en santé au CHU de Québec, Maude Laberge, l’important est d’éviter une explosion des dépenses.

« Si des cliniques privées peuvent fournir un service équivalent à un coût moindre […] je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas cette collaborat­ion-là avec le privé », dit-elle.

Or, la marge de profit des CMS est passée de 10 à 15 %, l’an dernier selon ce qu’a rapporté Le Devoir.

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SERGE LEGAULT Médecin

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