La rue Saint-joseph d’hier à aujourd’hui
Tous les quartiers ont leur rue principale, la « main » comme on l’appelle souvent. Le quartier Saint-roch ne fait pas exception avec sa rue Saint-joseph. Dans le cadre de l’activité le Printemps Saint-roch, qui se déroule jusqu’au 20 juin et qui a pour but de mettre en valeur et faire découvrir l’histoire et le patrimoine de ce quartier ancien de Québec, voici un parcours historique de cette rue commerciale, de ses origines jusqu’à aujourd’hui.
1 LES ORIGINES DU QUARTIER SAINT-ROCH
Le quartier Saint-roch est l’un des plus anciens faubourgs de la ville de Québec. Toutefois, isolé de la basse-ville et de place Royale, à marée haute, et de la haute-ville, par la falaise, il tarde à se développer. Il ne naît véritablement qu’avec le comblement des berges de la Saint-charles et l’ouverture de la rue Saint-paul en 1817. Auparavant, ses seuls habitants étaient les
Récollets. Ceux-ci avaient établi un ermitage dans le secteur du Palais en 1692. À partir de 1806, le Blocus continental de Napoléon propulsera les activités au port de Québec, avec ses anses à bois et ses chantiers de construction navale. Ces derniers se concentreront essentiellement dans la rivière Saint-charles, ce qui attirera une population de travailleurs.
2 LE PLAN DE GASPARD-JOSEPH CHAUSSEGROS DE LÉRY
Même si le faubourg Saint-roch s’est développé tardivement et lentement, il ne l’a pas fait de façon anarchique, mais selon une planification urbaine précise. D’abord en haute-ville, en 1636, le gouverneur Charles Huault de Montmagny et l’ingénieur Jean Bourdon tracent un plan radial dans lequel les rues rayonnaient depuis la place d’armes. Il s’agissait des rues du Mont-carmel, Saint-louis, Sainte-anne, De Buade et côte de la Fabrique. En 1718, Gaspard-joseph Chaussegros de Léry permet à la ville de prendre une certaine expansion. À l’inverse de Bourdon, il privilégie un plan de rues orthogonal, c’est-àdire en damier, d’inspiration européenne et prôné par Vauban. La circulation en haute-ville s’en trouve facilitée. Il s’agissait des rues Sainte-angèle, Saint-stanislas, Sainte-ursule et D’auteuil.
Chaussegros de Léry fait la même chose dans le faubourg qui deviendra le quartier Saint-roch. C’est ainsi que sur des plans de 1740, 1742 et 1745, il dessine le tracé des premières rues du faubourg Saint-roch. De nos jours, les quartiers Saint-roch et Saint-sauveur se déploient à partir de ce plan orthogonal conçu par l’ingénieur.
3 L’APPARITION DE LA RUE SAINT-JOSEPH
Sur les plans que l’ingénieur militaire Gaspard-joseph
Chaussegros de
Léry conçoit à partir de 1740, il trace des rues, mais il ne leur attribue pas de nom. Par conséquent, la rue
Saint-joseph y apparaît de façon anonyme.
Elle ne reçoit son nom actuel qu’au début du XIXE siècle. Elle a ainsi été nommée en l’honneur de l’évêque de Québec, Mgr Joseph-octave Plessis qui, en 1811, avait accordé la permission aux résidents du faubourg Saint-roch de se construire une chapelle servant de desserte à la cathédrale Notre-dame de Québec, la paroisse Saint-roch n’étant pas encore créée. C’était, ni plus ni moins, une façon de le remercier. De plus, saint Joseph, le père nourricier de Jésus, était le saint patron du Canada.
De par son emplacement au centre du faubourg Saint-roch qu’elle traversait d’est en ouest, la rue Saint-joseph devient son artère principale sur laquelle la vie du quartier va se déployer autour d’institutions religieuses, civiles et commerciales. Pendant plus d’une centaine d’années, elle sera l’une des rues les plus importantes de la capitale.
4 LES INSTITUTIONS RELIGIEUSES DE LA RUE SAINT-JOSEPH
C’est en 1811 qu’une desserte de la paroisse mère de Notre-dame de Québec est construite, sur l’artère qui deviendra bientôt la rue Saint-joseph. En 1816, à peine est-elle terminée qu’elle est détruite par un incendie. Elle est aussitôt reconstruite sur les mêmes plans. La paroisse Saint-roch est finalement érigée canoniquement en 1829. Le nombre de fidèles augmentant, l’église est agrandie en 1841, mais elle est détruite lors du grand incendie du faubourg survenu le 28 mai 1845. Elle sera reconstruite à même les ruines. En 1914, on la démolit au profit d’un édifice plus vaste. Les travaux s’étireront jusqu’en 1920. On lui donnera le style néomédiéval qu’on lui connaît aujourd’hui.
D’autres institutions religieuses vont s’aligner le long de la rue Saint-joseph. Ainsi, de 1833 à 1903, une chapelle des morts se dressait derrière l’église. Immédiatement en face du parvis s’élevait le couvent de Saint-roch construit en
1844 pour les Soeurs de la Congrégation
Notre-dame. Plus à l’ouest, au coin de la rue Caron, se trouvait la chapelle de la Congrégation des hommes de Saint-roch, l’actuelle église Notre-dame-de-jacquescartier, celle au « clocher penché ». Enfin, dans le quadrilatère formé des rues Saint-françois, Caron, Saint-joseph et Dorchester s’étendait le premier cimetière paroissial.