Le Journal de Quebec

Mon père m’a enseigné le respect dans le silence

- rodger.brulotte@quebecorme­dia.com

« MA VIE ÉQUILIBRÉE M’A PERMIS D’ÊTRE ÉQUILIBRÉ APRÈS L’ACCIDENT »

– Michel Laplante

La grève du baseball majeur en 1994 a empêché les Expos de gagner un championna­t. Notre invité de cette semaine, Michel Laplante, des Capitales de Québec, devait commencer la saison 1995 dans les majeures, sauf qu’il a refusé d’être un briseur de grève. Une fois la grève terminée, il a été congédié par les Padres de San Diego.

Il est le seul survivant d’un accident d’hélicoptèr­e qui a coûté la vie au pilote, Frédérick Décoste, et à son ami, le chanteur Bob Bissonnett­e.

Son épouse, Francine Gendron, était toujours présente pour l’appuyer lorsqu’il jouait à Welland, Augusta, Salem, Raleigh, Bradenton, Lynchburg, Madison, Taiwan, Ottawa, Richmond, Greenville et Québec. Aujourd’hui, il est le président des Capitales de Québec.

Tu es originaire de l’abitibi.

J’ai demeuré à Joutel, maintenant une ville fantôme, avant de déménager à Val-d’or. Mon père, Jacques, est de Val-d’or, tandis que ma mère, Claire Gagné, est de Cadillac, située entre Val-d’or et Rouyn-noranda. J’ai aussi trois frères : Maurice, Guy et Donald.

Le respect dans le silence.

Mon père m’a inculqué cette philosophi­e de vie. Tandis que le désir de ma mère c’était que son mari et ses enfants ne manquent de rien à la maison.

Les carrés aux dates de ta mère.

Sans aucun doute, je m’ennuie de mes parents, mais les carrés aux dates de ma mère me manquent aussi.

Tes premiers emplois.

Camelot, employé en aménagemen­t paysager et en déneigemen­t, gardien d’enfants. Cependant, à 14 ans, je donnais des cours de tennis dans les camps d’été.

Ton idole était Guy Lafleur.

J’ai tellement de beaux souvenirs, assis devant la télé à côté de papa à regarder Lafleur. Plus d’une fois avant de m’endormir je m’imaginais en train de marquer le but gagnant de la finale de la coupe Stanley.

Tu pratiquais plusieurs sports.

J’ai joué au hockey et au tennis, mais je n’ai joué au baseball organisé qu’à l’âge de 18 ans seulement.

À 18 ans, tu te joins à la formation de Saint-eustache Junior.

Michel Landry m’a convaincu de tenter ma chance. Un de mes amis me prête son gant, l’autre ses pantalons, son blouson de baseball et des crampons, mais c’étaient des crampons de soccer.

Comment s’est déroulé ton camp d’entraîneme­nt ?

L’entraîneur, monsieur Lemieux, me pose les questions habituelle­s. Voici quelques-unes de mes réponses : je jouais au baseball pour Le Dépanneur des Pins, à Val-d’or, et à toutes les positions. Il a paru étonné quand je lui ai annoncé que c’était la première année que je jouais. Par la suite, la famille Bélisle m’a bien accueilli au sein de la formation.

Derek Aucoin t’a beaucoup aidé.

Le regretté Derek Aucoin m’a enseigné les rudiments du baseball qui m’ont permis de signer un contrat profession­nel avec les Pirates.

Le gars de Val-d’or était bon, mais trop vieux.

Mon sobriquet était « Vald’or ». J’ai participé à un camp d’essai des Braves d’atlanta, à Verdun. Seulement trois des 51 joueurs ont retenu l’attention des Braves. Ils ont offert des contrats profession­nels à Dominique Therrien et Yves Martineau. Quant à moi, cependant, ils m’ont avisé qu’ils voulaient « me signer », mais que malheureus­ement j’étais trop vieux.

Tu as excellé lors des séries avec les Bisons.

Bernard Héneault m’a avisé que j’étais le lanceur partant du premier match. J’ai été choisi le joueur par excellence des séries avec une fiche de 9-0. Dans deux de ces matchs, j’ai retiré 17 frappeurs sur trois prises sur une possibilit­é de 21 retraits.

Ta première voiture.

Une Chevette 1981. Ma blonde, qui est devenue mon épouse, Francine Gendron, levait le pied de la pédale d’accélérate­ur et enfonçait la pédale d’embrayage, pendant que moi je dirigeais le levier de vitesse, de Tremblant à Val-d’or.

Trop vieux pour Atlanta mais pas pour les Pirates.

Le recruteur des Pirates, Steve Oleschuk, m’a offert un contrat que j’ai accepté après quelques heures de négociatio­ns.

Tu te croyais riche.

Je voulais rencontrer le directeur de la banque, car j’avais un gros montant d’argent à déposer. En voyant le montant de 7500 $ US, la caissière m’a tout simplement dit que nous n’avions pas besoin du directeur.

Tu as joué contre Michael Jordan… au baseball.

L’ancien joueur des Expos Terry Francona était le gérant de l’équipe dont faisait partie Michael. Je lui ai dit que ma conjointe avait une photo autographi­ée de lui, alors il s’est empressé de me dire qu’il voulait la rencontrer. J’affrontais Jordan pour la première fois et j’ai failli l’atteindre.

Tu as demandé un autographe à seulement trois athlètes.

Le premier est le plus important, mon idole de toujours, Guy Lafleur, et à l’ancien quart-arrière Marcus Allen.

Le troisième, Michael Jordan, dédicace le message en français.

En riant, je lui ai demandé, après le succès qu’il avait contre moi, de me signer une balle pour un de mes amis, Daniel Asselin, qui célébrait son anniversai­re. Sans aucune hésitation il a signé : « Bonne fête à mon ami », en français, sans avoir demandé mon aide.

Janet et Wayne Gretzky étaient des parents dévoués.

Leur fils, Trevor, jouait en soirée à Trois-rivières pour Québec. Janet et Wayne sont partis tôt le matin dans les boutiques de Québec pour se procurer des articles nécessaire­s pour l’appartemen­t de leur fils. Encore plus impression­nant, ils ont peint au complet l’appartemen­t avant son arrivée.

Tu as trois magnifique­s enfants.

Janel excelle dans l’organisati­on des événements. Alie-anne est la musicienne de la famille et Jean-michel joue au baseball et au hockey. J’ai trois magnifique­s enfants qui me procurent tellement d’amour.

Michel est émotionnel quand il me parle de son épouse.

Mon épouse, Francine Gendron, (une pause avant de continuer) est le solage de la famille. Sans elle, je n’aurais pas pu réaliser mes ambitions. Dans mes premières années dans le baseball mineur, je gagnais entre 900 $ et 1100 $ par mois. Elle ne s’est jamais plainte.

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PHOTO D’ARCHIVES STEVENS LEBLANC Michel Laplante, aujourd’hui président des Capitales de Québec.
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BRULOTTE RODGER

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