Toujours du chemin à faire
Le hockey féminin au Québec traverse de nouveau des moments difficiles
De passage au Tournoi international de hockey pee-wee de Québec, Marie-philip Poulin, Mélodie Daoust et Ann-renée Desbiens flottent toujours sur leur nuage olympique. Au-delà des accolades, les trois médaillées d’or constatent cependant que le développement du hockey féminin québécois continue de rencontrer des embûches.
Derrière les rayonnants sourires de ces trois grandes dames du hockey, l’amertume était palpable et le ton préoccupé.
Il y a d’abord eu le rapport du comité sur la relance du hockey qui a sonné l’alarme. Selon les statistiques énoncées, même si la population ontarienne n’est que 1,7 fois supérieure à celle du Québec, il y a huit fois plus de joueuses inscrites au hockey.
Pour donner du plomb dans l’aile à l’essor du hockey féminin au Québec, rien de tel que la tuile annoncée cette semaine avec la fermeture du programme au cégep Saint-laurent. Constatant le tollé, l’institution a par après rectifié le tir en parlant d’une « pause », mais la nouvelle demeure troublante.
« À chaque fois qu’on pense qu’on fait un pas en avant, on se rend compte qu’on en fait deux en arrière », a bien résumé la gardienne Ann-renée Desbiens, hier, avant une séance d’autographes courue (voir autre texte).
TRAVAIL À FAIRE
La grande vedette de l’équipe nationale, Marie-philip Poulin, n’a pas non plus caché sa frustration.
« C’est très malheureux », a-t-elle déploré. On voit une fois de plus qu’il y a encore beaucoup de travail à faire du côté féminin, que ce soit dans n’importe quel aspect. De voir ça arriver encore aujourd’hui, c’est vraiment dommage.
« Il va falloir qu’il y ait quelque chose en place pour ramener ce programme. Saint-laurent a connu plusieurs années de succès, et c’est triste. Caroline (Ouellette) a joué là, plus jeune, comme plusieurs femmes. J’espère qu’il y aura quelque chose en place », a-t-elle souhaité.
Mélodie Daoust semblait aussi sous le choc.
« Saint-laurent a toujours été un programme prestigieux, avec de bonnes entraîneuses et de bonnes joueuses qui ont gradué de là-bas. C’est une autre nouvelle dommageable pour le hockey féminin. Ce sont les dirigeants qui font en sorte que ça ne marchera pas. On ne peut pas s’empêcher d’être frustrées par cette nouvelle parce que ça aurait pu être un tournant plus positif », a-t-elle pesté.
L’AVENUE PROFESSIONNELLE
Pendant que le sport en bave à la base de la pyramide, les meilleures joueuses au pays continuent de travailler dans l’ombre pour mettre sur pied une ligue professionnelle qui verrait le jour en janvier 2023.
« On a créé l’association des joueuses pour réunir toutes les meilleures joueuses dans le même mouvement, pour avoir une ligue éventuellement. On a les bonnes personnes derrière nous, il faut leur faire confiance et être patientes. Ça prend du temps, mais toutes les grandes choses prennent du temps », a souligné Poulin.
Pour Desbiens, même si l’avènement d’une ligue professionnelle ne réglerait pas tous les maux, il s’agirait néanmoins d’une source d’inspiration pour la jeunesse.
« On est seulement trois Québécoises sur l’équipe nationale. Il faut qu’il y ait de la relève. Il faut commencer avec les plus jeunes, mais aussi avoir une ligue professionnelle pour les inspirer. Les jeunes filles doivent avoir l’opportunité de nous voir jouer et de nous rencontrer. C’est une première étape importante. »