Le Journal de Quebec

Un interrogat­oire « harcelant » pour Girouard, selon le juge

Les délibérati­ons ont débuté au procès du tueur de l’halloween

- NICOLAS SAILLANT

Le début des délibérati­ons du jury permet de révéler qu’un important débat hors jury a eu lieu à propos des 5 heures 30 minutes d’interrogat­oire de police qu’a subies Carl Girouard, le juge trouvant « inacceptab­le » une telle façon de faire, qu’il a qualifiée de « harcèlemen­t ».

Au terme de 17 jours d’audience, les 11 jurés qui ont le sort de Carl Girouard entre leurs mains ont été séquestrés jusqu’à ce qu’ils en arrivent à un verdict unanime.

Quelques instants plus tôt, le juge Richard Grenier a terminé ses directives en expliquant en détail les différente­s possibilit­és de verdicts qui s’offrent à eux.

Maintenant que ces derniers sont séquestrés, il est désormais possible de révéler qu’un litige a eu lieu entre les parties et le juge sur le long interrogat­oire de police qu’a dû subir l’assaillant de l’halloween le lendemain de son périple meurtrier, dans le Vieux-québec.

Le matin du 1er novembre 2020, l’homme de 26 ans avait été rencontré par l’enquêteur David Gionest au poste de police du parc Victoria. À ce moment, le suspect n’avait pratiqueme­nt pas dit un mot depuis son arrestatio­n et exerçait son droit au silence.

En 5 heures 30 minutes d’interrogat­oire, Carl Girouard ne dira qu’une seule phrase. « Je veux parler à mon avocat », ce à quoi l’enquêteur a acquiescé.

« INACCEPTAB­LE »

Lors de discussion­s faites en l’absence du jury sur les directives de prédélibér­ations, le magistrat a mentionné aux parties qu’il allait revenir sur cet « incident » en soulignant qu’un tel interrogat­oire était « inacceptab­le ».

« Je ne peux passer ça sous silence », a affirmé le juge, rappelant qu’il devait s’assurer du respect des droits constituti­onnels de l’accusé.

« La cour est gardienne de la Charte [canadiennn­e des droits et libertés] et je ne suis pas convaincu que 5 heures 30 sans aucune réponse soit conforme aux dispositio­ns de la Charte », a dit le juge Grenier.

Malgré son insistance pour dire que l’interrogat­oire « pouvait s’apparenter à du harcèlemen­t », le juge Grenier n’a finalement pas fait référence à l’interrogat­oire dans ses directives finales au jury.

RESPONSABI­LITÉ CRIMINELLE

Dans son adresse, le juge s’est plutôt attardé au chemin que le jury devait prendre pour en arriver à un verdict.

Le jury devra d’abord se pencher sur l’état d’esprit de l’accusé de 26 ans au moment des meurtres de François Duchesne, 56 ans, et de Suzanne Clermont, 61 ans, et des cinq tentatives de meurtre, pour cause de troubles mentaux.

Si le jury détermine « selon la prépondéra­nce des probabilit­és » que Carl Girouard n’était pas en mesure de différenci­er le bien du mal le 31 octobre 2020, il devra donc prononcer un verdict de non-responsabi­lité criminelle pour cause de troubles mentaux.

Or, si le jury estime que l’accusé était responsabl­e de ses gestes, il devra poursuivre son cheminemen­t pour en arriver soit à un verdict d’homicides involontai­res, soit de meurtres au deuxième degré ou encore de meurtres au premier degré (voir tableau).

Un arbre décisionne­l, qui a d’ailleurs fait l’objet d’une première question du jury en après-midi, a été expliqué pour qu’il en arrive à une décision selon les principes du droit.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES FOURNIES PAR LE SERVICE DE POLICE DE LA VILLE DE QUÉBEC ?? Carl Girouard (en médaillon) est accusé de deux meurtres et de cinq tentatives de meurtre survenus le soir de l’halloween 2020, dans le Vieux-québec. Sur la photo principale, on voit le tueur avec son sabre qui s’apprête à attaquer Rémy Bélanger, un survivant.
PHOTOS D’ARCHIVES FOURNIES PAR LE SERVICE DE POLICE DE LA VILLE DE QUÉBEC Carl Girouard (en médaillon) est accusé de deux meurtres et de cinq tentatives de meurtre survenus le soir de l’halloween 2020, dans le Vieux-québec. Sur la photo principale, on voit le tueur avec son sabre qui s’apprête à attaquer Rémy Bélanger, un survivant.

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