Les paddocks neufs prennent l’eau
Un rapport fait état de plusieurs infiltrations et de problèmes de drainage à cette structure de 60 M$, prête en 2019
Les paddocks flambants neufs du circuit Gilles-villeneuve, achevés en 2019, ont de sérieux problèmes d’infiltration d’eau et de drainage.
Un rapport confidentiel commandé par la Société du parc Jean-drapeau (SPJD), dont notre Bureau d’enquête a obtenu copie, dresse un portrait peu flatteur de la structure, qui a coûté 60 M$ de fonds publics.
L’étude, préparée par la firme de consultants en ingénierie Groupe IRC, a été commandée par la SPJD au début 2021 « afin de déterminer la source de diverses infiltrations actives et historiques », liton d’entrée de jeu dans le rapport d’une trentaine de pages.
L’EAU S’INFILTRE ET COULE
Les experts font ressortir deux problèmes principaux :
■ Dans les portions fermées de l’immeuble, il y a plusieurs infiltrations d’eau. Un des éléments de la toiture « n’est pas étanche ; selon les vents [et] précipitations, l’eau s’infiltre […] et coule sur les parements intérieurs du bâtiment ».
« On nous rapporte également des infiltrations d’eau à l’intérieur des garages, à l’endroit des portes », lit-on dans un autre passage.
■ Dans les étages de gradins exposés aux éléments, l’eau s’accumule, car il n’y a pas de pente qui lui permettrait de s’évacuer.
« À divers endroits, on note une accumulation d’eau sur les dalles de service. Ces dernières sont visiblement au niveau (sans pentes de drainage visible). Cet élément a été confirmé avec l’architecte, qui nous confirme que les dalles structurales et celles de service n’ont aucune pente. »
Pour ajouter au problème, les dalles exposées aux éléments « n’ont tout simplement pas été [pourvues] d’étanchéité », note le rapport d’experts.
Sans compter « qu’aucun drainage n’est pourvu au niveau de la membrane […] située sur le dessus de la dalle de structure ».
DÉNONCÉ PENDANT LA CONSTRUCTION
Selon nos sources proches du dossier, les problèmes en lien avec l’eau ont été soulevés avant même que la construction du bâtiment ne soit terminée.
Le constructeur Geyser l’allègue d’ailleurs dans une poursuite de 10,3 M$ qu’il a intentée l’an dernier contre la SPJD pour des factures impayées.
« Le manque d’étanchéité générale du bâtiment a été dénoncé dès juin 2018 alors que l’absence générale d’étanchéité des dalles et les problèmes conceptuels furent mentionnés », décrit Geyser dans un document judiciaire.
Ce litige est d’ailleurs loin d’être terminé, car la SPJD juge ces réclamations exagérées. L’entrepreneur général affirme notamment avoir dû débourser plus de 2,5 M$ pour accélérer le chantier afin que le bâtiment soit prêt à temps pour l’édition 2019 du Grand-prix.
La SPJD n’a pas voulu émettre de commentaire concernant les paddocks, « vu la composante judiciaire ».
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