Royale indifférence
Le prince et sa duchesse débarqueront aujourd’hui à Saint-jean, Terreneuve. Début d’un court périple de trois jours qui relanceront certainement les débats autour de la pertinence de la monarchie au Canada.
Une dure réalité demeure. On préfère endurer la royauté à s’attaquer à son absence de crédibilité ici.
Alors on fait semblant, on cherche des symboles et des messages. Ce voyage ne fera pas exception à la règle.
RÉCONCILIATION ET ENVIRONNEMENT
D’une prière en inuktitut, à un spectacle de musique mi’kmaq, en passant par une rencontre avec des chefs et aînés dénés aux Territoires du Nordouest, cette visite royale en l’honneur du jubilé de platine de la reine s’inscrit dans les grands débats du moment.
Oui, le prince Charles réfléchira à l’héritage colonial, s’inclinera devant ses abus et ses dérives.
Il risque même de dire quelques mots sur les leçons essentielles que l’humanité doit tirer du respect des peuples autochtones pour l’environnement, leur rapport à la terre.
Les tenants de la monarchie au Canada voudront y voir un signal fort en faveur de la réconciliation et la lutte contre les changements climatiques.
Et pourtant, la majorité n’y croira pas.
PARALYSIE
La monarchie demeurera toujours un bancal héritage colonial. Cette monarchie n’a rien de canadien, et pourtant nous sommes trop timides pour oser lui trouver une alternative.
Constitutionnellement, la monarchie, par le biais de la gouverneure générale et ses lieutenants-gouverneurs, joue un rôle fondamental dans l’architecture de notre vie parlementaire.
Pour l’abolir, il faudrait savoir par quoi la remplacer. Un président honorifique élu au suffrage universel comme en Allemagne ? Ou élu aux 2/3 par le Sénat et les Communes ?
Pire, il faudrait ensuite l’accord des législatures des 10 provinces pour consacrer toute rupture avec la monarchie.
Rien de simple là-dedans.
Alors on endure, on fait semblant. Et pendant ce temps, on évite d’entrer dans la modernité.