Le Journal de Quebec

Le Parti Québécois fait fausse route

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Dimanche, le chef du Parti Québécois (PQ), Paul Saintpierr­e Plamondon, y est allé d’une propositio­n des plus inusitée : plafonner le prix de l’essence à 1,60 $. Cette propositio­n semble alléchante, mais nuirait à ceux qu’elle tente d’aider. Une fausse bonne idée, comme on dit.

D’abord, il faut souligner que le pétrole est un bien hautement mondialisé. Établir un plafond ici ne diminuerai­t pas le prix mondial du baril de pétrole ; nous nous retrouveri­ons bien rapidement dans une situation de pénurie.

Rappelons que cette approche fut utilisée lors des chocs pétroliers, avec pour seul résultat d’interminab­les files d’attente.

UN INCITATIF POUR CHANGER NOS HABITUDES

M. Plamondon a affirmé que 1,60 $ « c’est cher ». Au vu de l’augmentati­on rapide du prix à la pompe, il est vrai que le prix actuel du pétrole peut sembler élevé, mais le prix social du pétrole est aux alentours de 2,50 $. Le plafond proposé entre donc en dissonance avec les actions nécessaire­s pour respecter nos cibles de réduction de GES.

Même les conservate­urs de Doug Ford en Ontario n’ont pas osé une diminution de 50 cents ; ils se sont restreints à 5 cents (de trop).

Cela dit, le prix élevé à la pompe est difficile pour les ménages et nécessite une aide d’appoint à ceux qui se trouvent dans le besoin. Néanmoins, c’est également l’outil le plus efficace pour réduire nos GES ; rappelons que 40 % de la pollution causée en sol québécois provient de la mobilité.

Un prix élevé sur le litre d’essence est l’incitatif nécessaire et essentiel pour inciter les Québécois à effectuer du covoiturag­e, prendre le transport en commun, ou encore acquérir un vélo électrique. En outre, la littératur­e scientifiq­ue est limpide : une augmentati­on du prix de l’essence amène une diminution de la quantité consommée, et donc de la pollution.

SOLUTIONS

Afin d’éviter la pénurie et diminuer le prix à la pompe, d’autres demandent une réduction des taxes sur l’essence. Pourtant, c’est l’équivalent d’une subvention aux pétrolière­s, qui ont les coffres déjà bien remplis.

Alors mieux vaut taxer les pétrolière­s avec une taxe spéciale et retourner l’argent dans les poches des familles via le crédit de solidarité. Un peu comme fait la CAQ avec ses chèques de 500 $, mais de façon à cibler les personnes dans le besoin, et sans l’arrière-goût électorali­ste.

Finalement, le chef du PQ demande une refonte de la norme véhicules zéro émission afin de stimuler l’offre de véhicules électrique­s et de réduire le temps d’attente. Cette demande est honorable, toutefois – même avec cette norme appliquée –, nous n’atteindron­s pas la carboneutr­alité en 2050. Il est primordial de favoriser le transport actif dans les villes en créant des infrastruc­tures structuran­tes, en plus de financer davantage le transport interurbai­n.

À ce sujet, une subvention pour les vélos électrique­s serait à propos, peu coûteuse, et accompagne­rait les ménages dans cette « crise pétrolière ».

Il fut un temps où le PQ était à l’avantgarde au sujet de l’action climatique. Or, il est désolant de constater que dans sa chute, l’actuel chef nivelle le parti vers le bas en y sacrifiant l’environnem­ent. En fait, ce genre de politique populiste ne fait que confirmer la propositio­n du député péquiste Sylvain Gaudreault : il faut dépolitise­r l’action climatique.

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Jérôme Larivière, étudiant au doctorat en économie à l’université Mcgill
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Hugo Cordeau, étudiant au doctorat en économie à l’université de Toronto

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