Le Journal de Quebec

Le Québec presque « la risée de la planète » en matière d’immigratio­n

Le patronat veut relancer de toute urgence le programme d’immigrants investisse­urs

- FRANCIS HALIN

Le Québec est en passe de devenir la risée du monde en tournant le dos aux immigrants investisse­urs, déplore le Conseil du patronat du Québec (CPQ), qui vient de publier son livre blanc pour relancer d’urgence l’immigratio­n économique dans son ensemble.

« Sans dire que l’on est la risée de la planète, au Québec, on est vraiment mal positionné pour accueillir les immigrants », lance au

Journal Denis Hamel, vice-président aux politiques de développem­ent de la maind’oeuvre au CPQ.

« On envoie un mauvais message à l’internatio­nal en disant que les immigrants investisse­urs ne sont pas les bienvenus », a-t-il ajouté.

Alors que le marché du travail québécois devra pourvoir plus de 1,4 million d’emplois d’ici 2026, le CPQ a publié hier son nouveau

Livre blanc sur l’immigratio­n pour relancer le débat en vue des élections de l’automne.

D’après le patronat, « le constat est accablant » et l’augmentati­on des seuils d’immigratio­n à 80 000 ou même 100 000 par année est vitale vu la vigueur de l’économie et la population québécoise vieillissa­nte.

Exigence du français, reconnaiss­ance des acquis, programme des travailleu­rs étrangers temporaire­s… le CPQ a publié 18 recommanda­tions (voir encadré à gauche) pour que le vent tourne au plus vite.

« Depuis 2016, le nombre de personnes immigrante­s qui arrivent au Québec de façon permanente est en constante diminution, alors que le nombre d’emplois vacants atteint des sommets historique­s », alerte le CPQ.

INVESTISSE­MENT DE 4 M$ POUR RIEN

Pour Albert Valera, un riche investisse­ur américain accepté par le Québec, ce sont les délais d’immigratio­n au palier fédéral qui n’ont rien de drôle.

L’entreprene­ur qui a dû attendre plus de 19 mois pour avoir un simple numéro de dossier d’immigratio­n Canada l’a finalement obtenu, mais il doit encore attendre pour finaliser sa démarche.

« Le gouverneme­nt fédéral continue d’utiliser le COVID-19 comme excuse pour ses performanc­es médiocres et son arriéré croissant », dénonce l’homme.

« Les 4 millions de dollars et plus que j’ai investis au Québec sont totalement à risque, surtout si je ne peux pas faire prolonger mon permis de travail, qui expire en septembre. Ce n’est pas une façon de vivre sa vie », soupire-t-il.

Pour Marc-andré Séguin, D’EXEO Avocats, le fait que le Programme des investisse­urs immigrants du Québec (PIIQ) soit fermé depuis 2019, alors que celui des Américains vient de subir une cure de rajeunisse­ment à la mi-mars, risque de faire perdre des milliards d’investisse­ments.

L’ÉQUIVALENT D’UNE SALLE DE CLASSE

Pour ce qui est du programme des entreprene­urs et des travailleu­rs autonomes, qui n’acceptera cette année que 75 nouvelles candidatur­es, Marc-andré Séguin est cinglant.

« Au final, tenant compte des refus et abandons qui viendront inévitable­ment, ça fait juste assez d’immigrants d’affaires de plus pour remplir une salle de classe au secondaire », conclut-il.

Ces deux dernières années, dans le secteur manufactur­ier, plus de 18 milliards $ de contrats refusés ou d’opportunit­és non saisies ont découlé du manque de maind’oeuvre et de la baisse de l’immigratio­n, selon le CPQ.

« UTILISER LA COVID-19 COMME EXCUSE POUR LES RETARDS DE TRAITEMENT EST RISIBLE. »

– Albert Valera, immigrant investisse­ur

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Il y a trois mois, Le Journal a raconté l’histoire du riche homme d’affaires originaire du Texas, Albert Valera, qui attendait son numéro de dossier d’immigratio­n Canada. Depuis, il l’a obtenu, mais rien ne bouge au fédéral.
PHOTO BEN PELOSSE Il y a trois mois, Le Journal a raconté l’histoire du riche homme d’affaires originaire du Texas, Albert Valera, qui attendait son numéro de dossier d’immigratio­n Canada. Depuis, il l’a obtenu, mais rien ne bouge au fédéral.

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