Le Québec presque « la risée de la planète » en matière d’immigration
Le patronat veut relancer de toute urgence le programme d’immigrants investisseurs
Le Québec est en passe de devenir la risée du monde en tournant le dos aux immigrants investisseurs, déplore le Conseil du patronat du Québec (CPQ), qui vient de publier son livre blanc pour relancer d’urgence l’immigration économique dans son ensemble.
« Sans dire que l’on est la risée de la planète, au Québec, on est vraiment mal positionné pour accueillir les immigrants », lance au
Journal Denis Hamel, vice-président aux politiques de développement de la maind’oeuvre au CPQ.
« On envoie un mauvais message à l’international en disant que les immigrants investisseurs ne sont pas les bienvenus », a-t-il ajouté.
Alors que le marché du travail québécois devra pourvoir plus de 1,4 million d’emplois d’ici 2026, le CPQ a publié hier son nouveau
Livre blanc sur l’immigration pour relancer le débat en vue des élections de l’automne.
D’après le patronat, « le constat est accablant » et l’augmentation des seuils d’immigration à 80 000 ou même 100 000 par année est vitale vu la vigueur de l’économie et la population québécoise vieillissante.
Exigence du français, reconnaissance des acquis, programme des travailleurs étrangers temporaires… le CPQ a publié 18 recommandations (voir encadré à gauche) pour que le vent tourne au plus vite.
« Depuis 2016, le nombre de personnes immigrantes qui arrivent au Québec de façon permanente est en constante diminution, alors que le nombre d’emplois vacants atteint des sommets historiques », alerte le CPQ.
INVESTISSEMENT DE 4 M$ POUR RIEN
Pour Albert Valera, un riche investisseur américain accepté par le Québec, ce sont les délais d’immigration au palier fédéral qui n’ont rien de drôle.
L’entrepreneur qui a dû attendre plus de 19 mois pour avoir un simple numéro de dossier d’immigration Canada l’a finalement obtenu, mais il doit encore attendre pour finaliser sa démarche.
« Le gouvernement fédéral continue d’utiliser le COVID-19 comme excuse pour ses performances médiocres et son arriéré croissant », dénonce l’homme.
« Les 4 millions de dollars et plus que j’ai investis au Québec sont totalement à risque, surtout si je ne peux pas faire prolonger mon permis de travail, qui expire en septembre. Ce n’est pas une façon de vivre sa vie », soupire-t-il.
Pour Marc-andré Séguin, D’EXEO Avocats, le fait que le Programme des investisseurs immigrants du Québec (PIIQ) soit fermé depuis 2019, alors que celui des Américains vient de subir une cure de rajeunissement à la mi-mars, risque de faire perdre des milliards d’investissements.
L’ÉQUIVALENT D’UNE SALLE DE CLASSE
Pour ce qui est du programme des entrepreneurs et des travailleurs autonomes, qui n’acceptera cette année que 75 nouvelles candidatures, Marc-andré Séguin est cinglant.
« Au final, tenant compte des refus et abandons qui viendront inévitablement, ça fait juste assez d’immigrants d’affaires de plus pour remplir une salle de classe au secondaire », conclut-il.
Ces deux dernières années, dans le secteur manufacturier, plus de 18 milliards $ de contrats refusés ou d’opportunités non saisies ont découlé du manque de maind’oeuvre et de la baisse de l’immigration, selon le CPQ.
« UTILISER LA COVID-19 COMME EXCUSE POUR LES RETARDS DE TRAITEMENT EST RISIBLE. »
– Albert Valera, immigrant investisseur