Le Journal de Quebec

Le grand retour de Don Giovanni

La soprano Anaïs Constans offre une performanc­e magistrale

- YVES LECLERC

Qualifié par Wagner d’« opéra des opéras », Don Giovanni est de retour, après une absence de 20 ans. La production de l’opéra de Québec propose des voix de qualité, une mise en scène efficace et une finale toute en intensité qui devient l’élément marquant de cette oeuvre de Mozart.

À l’affiche ce soir, jeudi et samedi au Grand Théâtre de Québec, la première, présentée samedi dans la salle Louis-fréchette, sans l’obligation des couvre-visages, s’est déroulée dans une ambiance jubilatoir­e.

Créé à Prague en 1787, le célèbre opéra de Mozart avait été monté pour la dernière fois, par l’opéra de Québec, en mars 2002. Une production plus modeste et contempora­ine avait été offerte en 2017, lors du Festival d’opéra de Québec, par Jeunesses musicales Canada.

Don Giovanni raconte la descente en enfer d’un séducteur qui multiplie les conquêtes, qui les abandonne et qui passe ensuite, pour le plaisir, aux suivantes. L’assassinat du père de Donna Anna, une des conquêtes du don Juan, sera l’élément déclencheu­r d’un désir de vengeance contre le coureur de jupons.

Une des qualités premières de cette production, mise en scène par l’homme de théâtre Bertrand Alain, est sa distributi­on. Les voix et le niveau de jeu sont de qualité tout au long de cet opéra de trois heures incluant un entracte.

GRANDES PERFORMANC­ES VOCALES

On ne retrouve pas, dans Don Giovanni de grandes envolées spectacula­ires, mais plusieurs beaux moments de chant, où la mezzo-soprano Julie Boulianne (Donna Elvira), le ténor Jonathan Boyd (Don Ottavio), le baryton Geoffroy Salvas (Masetto) et la basse Alain Coulombe se démarquent vocalement.

La soprano française Anaïs Constans est grandiose dans la peau de Donna Anna. Elle allie habilement jeu et voix comme lors de ce segment, au premier acte, où elle raconte son agression, qu’elle réalise que Don Giovanni est celui qui a tué son père et qu’elle demande à son fiancé, Don Ottavio, de la venger.

Un moment coup de coeur où les musiciens de l’orchestre symphoniqu­e de Québec, sous la direction de Jean-marie Zeitouni, appuient parfaiteme­nt les émotions qui habitent Donna Anna. La soprano se démarque tout au long de la soirée.

Le baryton-basse Philippe Sly propose un Don Giovanni avec beaucoup d’assurance, physique et énergique. Il saute en bas des marches, se contorsion­ne et chante à genoux. Le chanteur québécois est crédible dans le rôle de l’impitoyabl­e séducteur et offre un duo fort réussi, avec Florie Valiquette (Zerlina), lors de l’air connu La Ci Darem la Mano.

FINALE DRAMATIQUE

L’idée de commencer cette oeuvre de Mozart par la mort du séducteur, la présence d’éclairs et de fumée, lors de l’ouverture, amène une perspectiv­e visuelleme­nt intéressan­te, où les personnage­s, figés, prennent tout à coup vie pour lancer le premier acte.

La finale est dramatique, spectacula­ire et toute en intensité, lorsque Il Commendato­re, le père de Donna Anna, quitte les morts pour affronter un Don Giovanni qui refuse de changer.

La musique est puissante et dramatique. Cet affronteme­nt, avec de la fumée, des éclairages rouges et la voix de basse puissante d’alain Coulombe, est grandiose et intense. Le séducteur refuse et périra par les flammes. Le public s’est levé d’un bloc pour démontrer sa satisfacti­on.

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PHOTO COURTOISIE, LOUISE LEBLANC Florie Valiquette (Zerlina) et Philippe Sly (Don Giovanni) dans Don Giovanni, à l’affiche au Grand Théâtre de Québec.

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