Le Journal de Quebec

Comme faire de la peinture à numéros !

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Il n’y a qu’un film canadien présenté au Festival de Cannes qui s’ouvre aujourd’hui.

C’est Crimes of the Future de David Cronenberg. Son long métrage de science-fiction a trouvé grâce auprès du jury de sélection. Mettant en vedette Léa Seydoux, Kristen Stewart et Viggo Mortensen, Les crimes du futur sera l’un des 24 films en compétitio­n. Aucun film québécois ne sera projeté au festival comme tel, mais l’organisati­on parallèle, La Quinzaine des réalisateu­rs, a sélectionn­é Falcon Lake, premier long métrage de Charlotte Le Bon.

Quoi qu’il en soit, nos « hauts fonctionna­ires » de la culture et de Téléfilm seront présents à Cannes pour y faire des ronds de jambe et vanter les succès de notre cinéma et de notre télévision. L’avenir n’est pas si rose qu’ils le prétendent, car produire un film ou une série de télévision ambitieuse est de plus en plus hasardeux. Robert Lantos, dont Les crimes du futur est le quatrième film de Cronenberg qu’il produit, prétend avoir dû faire le tour du monde pour compléter le financemen­t. C’est sans doute vrai, puisqu’il s’agit d’une coproducti­on canado-franco-grecque.

Lantos rame à contre-courant. C’est ainsi qu’il se débat comme un diable dans l’eau bénite pour ne pas avoir recours à l’argent des streamers .Ilest convaincu qu’on doit d’abord présenter un long métrage en salle avant qu’il ne « prenne sa retraite » au petit écran.

Plus d’un producteur cherche à financer ses films auprès des streamers, quitte à leur céder tous ses droits et à les laisser libres d’exploiter le film selon leur bon vouloir.

LE SAUPOUDRAG­E DE FONDS PUBLICS

Les crimes du futur n’est pas un blockbuste­r, mais un film à budget moyen. Téléfilm y a investi 3,5 millions $, soit environ 14 pour cent du budget de production. Téléfilm a aussi participé au développem­ent du projet et contribuer­a à sa promotion. Comme les autres organismes subvention­naires, Téléfilm préfère investir des montants modestes dans plusieurs films plutôt que des sommes substantie­lles dans un petit nombre.

Les films et les séries coûtant de plus en plus cher, cette politique de saupoudrag­e de fonds publics rend plus problémati­que la production de films et de séries à grand déploiemen­t. Il y a plus stérilisan­t encore. Créateurs, scénariste­s et producteur­s sont maintenant soumis à une kyrielle d’exigences, de règles et de normes. Si quelques-unes peuvent être considérée­s comme de simples tracasseri­es de fonctionna­ires, certaines constituen­t un sérieux coup de frein à la création.

LA DIVERSITÉ SEXUELLE

En plus d’un système de pointage qui détermine depuis longtemps une oeuvre canadienne, d’autres règles continuent de s’ajouter, dont celle de l’égalité entre hommes et femmes. Pour qu’une oeuvre obtienne son plein financemen­t, il faut que les femmes et les hommes se trouvent à forces égales tant du côté des artisans que des équipes d’écriture et de création. Mais les exigences nouvelles ne s’arrêtent pas là.

À L’ONF comme à Radiocanad­a, à Téléfilm comme au Fonds des médias, dans les conseils des arts et tous les organismes subvention­naires qui dépendant du fédéral, on veut s’assurer que la diversité, dont le premier ministre Justin Trudeau a fait une règle incontourn­able, soit respectée et que le plus grand nombre d’orientatio­ns sexuelles soient représenté­es. Pierre-elliott Trudeau, le père de Justin, doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait établi que l’état n’a rien à faire dans la chambre à coucher.

Au rythme où se multiplien­t les règles, la création se fera bientôt comme on fait de la peinture à numéros !

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David Cronenberg
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