Sa vie brisée par les armes à feu
Son conjoint a été tué par erreur il y a six ans
veuve d’un homme abattu de six balles en raison d’une erreur sur la personne déplore la « lâcheté » des criminels qui tirent à tort et à travers, elle qui subit encore les conséquences de cet acte odieux, six ans plus tard.
« Combien de personnes devront mourir pour que l’on comprenne le message que les armes à feu c’est dangereux ? La seule raison pour laquelle les gens s’en procurent, c’est pour faire mal. Il faut vraiment être lâche pour tuer avec une arme à feu », peste Lina Simone.
Le 2 juin 2016, son conjoint, Angelo D’onofrio, était paisiblement installé à lire son journal dans un café italien où il avait ses habitudes, sur la rue Fleury, dans le quartier Ahuntsic, à Montréal.
Vers 15 h 30, un homme a fait irruption et a tiré en sa direction. Six balles ont atteint M. D’onofrio, 72 ans, qui est décédé instantanément. Or, ce n’était pas Angelo D’onofrio qui était la véritable cible, mais plutôt Antonio Vanelli, un individu relié au crime organisé italien.
FLAMBÉE DE VIOLENCE
Lina Simone aurait souhaité que le meurtre gratuit de son « Lino » donne une leçon aux criminels. Pourtant, depuis deux ans, la grande région de Montréal est secouée par une flambée de violence par armes à feu, déplore-t-elle.
« D’autres vies innocentes pourraient être prises. Ceux qui tiennent à utiliser des armes doivent comprendre qu’un jour, ça pourrait être leur enfant, leur mère qui tombe sous des balles. Est-ce que cela vaut la peine ? Non ! » a-t-elle insisté.
« J’ai perdu mon père pour des problèmes de santé. C’est triste, mais on accepte, ça fait partie de la vie de voir des gens mourir naturellement. Mais Lino, on lui a enlevé la vie. Si la personne est tuée consciemment, ce n’est pas pardonnable », a-t-elle ajouté.
Il est ainsi urgent d’éliminer les armes à feu de la circulation, croit-elle.
« Je vais être la première à marcher toutes les rues de Montréal pour arrêter la violence par armes à feu », a-t-elle dit.
GRAVES CONSÉQUENCES
En mode solution, la veuve soulève même l’idée que les autorités offrent 500 $ pour chaque arme à feu remise aux policiers, et 1000 $ pour dénoncer la personne qui l’a vendue.
Malgré les années qui passent, elle peine à trouver les mots pour exprimer ses pensées en lien avec cette absurde tragédie. Ses propos sont ponctués de longs silences, parfois de sanglots.
« Je vis dans un sous-sol, je suis sous médication, je ne peux plus travailler parce que je ne supporte plus le stress, je ne supporte pas les gens qui parlent fort, je ne supporte pas le bruit des voitures dans la rue. Ça ne fait aucun sens ce qui m’arrive », a-t-elle décrit.
Mais malgré sa situation personnelle, elle refuse d’être dépeinte comme une victime. « Ce n’est pas moi, la victime ! C’est Lino, la victime. Il était innocent et aujourd’hui il n’est plus là », a-t-elle lancé.
LONGUES PROCÉDURES
Les longues procédures judiciaires, qui perdurent depuis 2017, l’empêchent de tourner la page. Un an après le meurtre d’angelo D’onofrio, deux individus avaient été arrêtés, puis accusés de meurtre prémédité.
Ils ont depuis été reconnus coupables : Jeff Joubens Theus, de meurtre au premier degré, et Ebamba Ndutu Lufiau, d’homicide involontaire. Mais la Cour d’appel a récemment statué qu’ils devraient subir un autre procès.