Un jugement pourrait bientôt aggraver les choses
Non seulement cette énième fusillade a peu de chances d’inciter les Américains à mieux contrôler les armes à feu, mais un jugement de la Cour suprême pourrait même bientôt avoir l’effet inverse, estiment des experts.
« C’est très possible que d’ici les prochains mois […], on ait un desserrement du contrôle des armes à feu [plutôt qu’un resserrement] », entrevoit Rafaël Jacob, chercheur à la Chaire Raoul-dandurand en études stratégiques et diplomatiques.
La base du parti républicain est si « farouchement » opposée à tout contrôle des armes à feu que peu de politiciens osent se prononcer en faveur d’un resserrement, explique-t-il.
Et même les États où les élus et la population sont en faveur d’un plus grand contrôle pourraient bientôt être empêchés de légiférer comme ils le souhaitent.
La Cour suprême doit rendre cet été un jugement qui risque d’invalider une loi de l’état de New York qui limite le droit de porter une arme à feu en dehors du domicile à ceux qui ont une raison valable et un permis pour le prouver.
Cette décision pourrait redessiner la réglementation à l’échelle du pays, où le nombre d’armes à feu est plus élevé que le nombre de personnes.
« Je ne vois rien dans ce qui s’est passé aujourd’hui, aussi effroyable que ça puisse être, qui va venir changer [cette dynamique-là] », dit Rafaël Jacob.
PROFS ARMÉS ?
La fusillade au Texas pourrait même relancer l’idée d’armer les enseignants des écoles afin de faire face aux tireurs potentiels.
« Ça se fait déjà dans certains États », rappelle Francis Langlois, professeur d’histoire au Cégep de Trois-rivières et membre de l’observatoire sur les États-unis.
« De façon générale, les enseignants ne veulent pas [en porter] », note-t-il.
La tuerie de Buffalo de la semaine dernière vient d’ailleurs montrer les limites de cette idée, rappelle Rafaël Jacob.
Un gardien de sécurité armé a bien tenté de tirer sur l’assaillant pour l’arrêter en plein carnage. Le gardien a été abattu avant d’y parvenir.
De plus, plusieurs États auraient déjà de la difficulté à financer adéquatement leurs écoles et à rémunérer correctement les enseignants, souligne le chroniqueur et professeur d’histoire Luc Laliberté.
« On va maintenant investir pour armer les écoles ? » ironise-t-il.
INDUSTRIE FLORISSANTE
Pendant ce temps, l’industrie des armes à feu est florissante chez nos voisins du Sud, ce qui « percole » jusque chez nous, analyse M. Langlois.
« Ce n’est pas pour rien qu’il y a une augmentation ici. » — Avec la collaboration de Jean-françois Racine