Le Journal de Quebec

Ne plus jamais leur faire vivre cela

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Le Québec doit apprendre de ses erreurs et ne plus jamais faire revivre un confinemen­t aussi drastique aux aînés, plaident plusieurs spécialist­es.

Tous les experts contactés par Le Journal sont unanimes : le confinemen­t du printemps 2020 a eu des effets dévastateu­rs sur la santé physique et psychologi­que des aînés.

« Maintenant qu’on voit le bonheur revenu en résidence, que les gens sont heureux de retrouver leur liberté, on se dit : il ne faut jamais plus vivre ça. Ce sont des citoyens à part entière, qui ont les mêmes droits et libertés que n’importe qui dans la société », plaide Isabelle Nantais, présidente du conseil d’administra­tion du regroupeme­nt québécois des résidences pour aînés.

« Je comprends que dans le contexte, les gens pensaient prendre la meilleure décision possible. Avec du recul, on sait que ce n’était pas la bonne décision », ajoute-t-elle.

PAS JUSTE LA COVID

Or, à l’époque, les mesures sanitaires visaient à limiter au maximum la propagatio­n du virus de la COVID-19. Au détriment de tout le reste.

« Tout tournait autour de la COVID, on n’avait plus de temps pour rien d’autre », résume Philippe Voyer, chercheur au Centre d’excellence sur le vieillisse­ment de Québec.

« Une fois que les résidents étaient vaccinés, plus de latitude aurait dû être offerte, croit aussi Francis Etheridge, chercheur en gérontolog­ie. Ce que veulent les résidents par-dessus tout, c’est de garder un sens à leur vie. […] Les résidents sont prêts à prendre des risques, parce qu’en moyenne, on ne vit pas très longtemps en centre d’hébergemen­t. »

Selon Mme Nantais, les impacts psychologi­ques sur les aînés en RPA ont été plus grands que les infections au virus.

« Ça a été long avant qu’on adresse la santé mentale, c’était beaucoup axé sur le virus. […] Mais ce n’était peut-être pas le pire des ennemis, dit Mme Nantais. Il y a beaucoup plus de gens qui ont été affectés par la santé mentale qu’en raison du virus lui-même. »

« Les gens ont eu le sentiment de se faire voler du temps », dit-elle.

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