Un débat conservateur en french
La moitié des candidats à la direction du parti qui s’affronteront ce soir ne parlent pas français
OTTAWA | Les six candidats à la direction du Parti conservateur du Canada croiseront le fer ce soir pour la première fois en français, langue que seule la moitié d’entre eux parlent couramment.
Seuls Jean Charest et Pierre Poilievre sont parfaitement bilingues. Patrick Brown, bien que francophile, n’a jamais montré sa capacité de débattre en français.
Quant à Roman Baber, Scott Aitchison et Leslyn Lewis, malgré quelques cours de langue, ils s’en tiendront probablement à lire des cartons, prévoit Rodolphe Husny, ex-conseiller au sein du gouvernement Harper.
La table est donc mise pour un échange à trois au cours duquel le stratège espère moins d’attaques vitrioliques et davantage de discussion d’idées, ce qui a manqué aux deux précédents débats en anglais.
PROGRESSISTES-CONSERVATEURS
C’est d’autant plus important qu’il s’agit de la dernière occasion médiatique pour les aspirants chefs de se démarquer : il n’y aura pas d’autre débat avant la date fatidique du 3 juin après laquelle il ne sera plus possible de recruter des membres ayant le droit de voter pour désigner le chef, le 10 septembre.
Pour se démarquer, Patrick Brown fait campagne contre la Loi sur la laïcité de l’état, sujet qu’il espère assez fédérateur pour recruter les nouveaux membres dont le parti a besoin afin de remporter la prochaine élection fédérale.
Le maire de Brampton est un proche allié de Jean Charest, qui sera le seul à jouer à domicile, dans sa langue maternelle, et qui a l’appui de presque toute la députation québécoise du parti. Les attentes à son égard sont donc élevées, indique M. Husny.
Le parti compte moins de membres au Québec que dans son fief de l’ouest. Néanmoins,
une circonscription québécoise a autant de poids qu’une albertaine, même avec moins de membres. Les candidats à la chefferie ne peuvent donc pas se passer de la province.
CONTRE LE CHAMPION DES LIBERTÉS
Or, c’est au Québec que Pierre Poilievre, qui est perçu comme le meneur de la course, est le moins connu au-delà de ses très courts clips viraux sur les réseaux sociaux.
Membres et stratèges du parti désireux de former le prochain gouvernement l’observeront donc de près.
« Va-t-il continuer sa stratégie des autres débats et attaquer les autres sans vraiment proposer d’idées nouvelles ? Sera-t-il capable de prendre de la hauteur et de se présenter comme un homme d’état rassembleur ? », questionne M. Husny.
Jusqu’à présent, Pierre Poilievre se présente avant tout comme le champion des « libertés ». Il se fait ainsi le défenseur du convoi des camionneurs ou des cryptomonnaies, même si ceci le pousse à flirter avec les théories du complot.
Selon M. Husny, il table ainsi sur le succès naissant de son alter ego québécois, Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec. Celui-ci récoltait 13 % des intentions de vote en avril, soit plus que le Parti Québécois (9 %) et à peine moins que Québec solidaire (15 %), d’après un sondage Léger commandé par Québecor.