Gratuité ! De si belles promesses !
Désolé, j’avais écrit un texte sur ce sujet lors de la dernière élection : la gratuité ! Le mot fétiche des campagnes électorales. La promesse bonbon, la promesse chouchou : « Grrratis mon chum !!! »
Avec cinq partis politiques qui vont s’affronter au Québec à la fin de l’été, des équipes de stratèges se grattent le coco pour attirer votre attention. Et aucun mot n’a autant de sex-appeal que celui de gratuité. Simple, concret, ça touche à la fois le portefeuille et le moral : c’est comme un cadeau.
Dans l’édition 2022 des promesses électorales, on note déjà quelques promesses de gratuité fort originales. Le Parti libéral du Québec propose la gratuité des services de traversier. Québec solidaire a déjà mis sur la table deux propositions du genre : la gratuité de tous les moyens de contraception et la gratuité de l’accès aux parcs nationaux.
Nous sommes encore à au moins trois mois du déclenchement de cette campagne. Disons que nos partis commencent tôt la valse des promesses. La saison s’annonce prolifique !
Première mise au point. C’est un gros mensonge : rien n’est gratuit. Lorsqu’un gouvernement dit offrir la gratuité, ce qu’il fait en réalité, c’est qu’il fait porter par l’ensemble des contribuables la facture d’un service qui n’est utilisé que par quelques-uns. Il faut que ce soit hautement justifié.
LA GRATUITÉ COÛTE CHER
Non seulement le service ne devient pas miraculeusement gratuit, mais la gratuité, parfois, ça coûte cher !
Ces propositions sont susceptibles de faire augmenter la réelle facture des services. Lorsque c’est gratuit, on accroît la demande et les utilisateurs font moins attention. On ouvre la porte au gaspillage.
Prenons le cas des moyens de contraception. Imaginez les condoms gratuits. C’est bien évident qu’il va s’en gaspiller. Les gens vont s’en traîner ici et là, s’en faire des réserves, les oublier, les perdre. Cela arrive déjà sans doute, mais lorsqu’on paye de sa poche, on fait plus attention.
La gratuité des parcs, c’est un beau concept. Mais vous risquez d’attirer plus de monde, dont des gens moins passionnés des parcs, surtout attirés par la gratuité. Pourraient alors apparaître de nouveaux coûts. Un surachalandage qui exigera plus de personnel ? Une augmentation des dommages aux installations qui engendrera des dépenses supplémentaires ?
Le principe de l’utilisateur-payeur a fait ses preuves pour limiter le gaspillage. L’usager paye au moins une partie du coût, il prend conscience de la valeur du service.
PARESSE
Personnellement, j’inclus les engagements concernant la gratuité de ceci et de cela dans les promesses gadgets. Facile, clair, simple et tentant. Cela reflète une certaine paresse de la part des partis politiques. Il est plus facile de formuler une promesse gadget que de besogner dur pour bâtir un programme solide sur un sujet aride comme la santé.
À ceux qui se demandent si les promesses bonbon fonctionnent, je serai forcé de rappeler que Justin Trudeau a été élu en promettant de donner de l’argent pour des vacances. Et aussi du camping gratuit !
Faut-il encore le rappeler en 2022 ? Rien n’est gratuit.