Le Journal de Quebec

Le désengagem­ent policier se fait sentir

- MARIA MOURANI

La fin de semaine dernière, un homme a été gravement blessé lors d’une fusillade à Lachine et un café a été criblé de balles dans Villeray– Saint-michel–parc-extension, arrondisse­ment où un individu avait été abattu le 11 mai. Les jours se suivent et se ressemblen­t.

Laval, La Petite-italie, Rivière-des-prairies, Mercier– Hochelaga-maisonneuv­e et Ahuntsic ont été le théâtre de plusieurs fusillades depuis le mois d’avril.

Pendant ce temps, les policiers en ont plein les bras. On peine à recruter au SPVM, et selon mes sources, les heures supplément­aires semblent suivre la tendance de 2021.

Souvenons-nous que les Montréalai­s ont payé autour de 12 millions de dollars de juin à octobre 2021.

Reste que l’argent ne résout pas tous les problèmes, il faut aussi savoir garder le personnel et valoriser l’institutio­n pour attirer les nouvelles recrues.

DÉSENGAGEM­ENT POLICIER

Depuis les quatre dernières années, l’image de la police a été quelque peu malmenée : accusation de profilage racial et de racisme systémique, utilisatio­n excessive de la force, abus de pouvoir, etc. Plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux mettaient en scène des interventi­ons policières qui trop souvent ont entaché l’ensemble des corps policiers et miné la confiance du public. Incompréhe­nsion, manque de communicat­ion ?

Quoi qu’il en soit, le désengagem­ent policier se fait de plus en plus sentir sur le terrain. Bien souvent, les patrouille­urs choisissen­t de ne pas intervenir de manière préventive. Entre interpelle­r un véhicule suspect et potentiell­ement prendre le risque de mettre en péril sa carrière profession­nelle et sa santé mentale, voire se faire accuser de profilage racial, le patrouille­ur préfère détourner le regard.

Or, l’objectif de ce genre d’interventi­on est de dissuader l’action criminelle en réduisant ou neutralisa­nt les occasions. Le policier agit sur les situations précrimine­lles et ainsi peut prévenir la commission d’un délit ou sa répétition. L’interventi­on préventive doit donc faire partie d’une stratégie de lutte contre la violence armée. Autrement dit, cela revient à retirer les armes avant la fusillade.

ET LA PRÉVENTION ?

La lutte contre la violence armée passe par un équilibre entre la répression et la prévention. Financer la prévention, c’est investir pour l’avenir. Les effets ne se font peutêtre pas sentir rapidement comme les opérations policières, mais l’efficacité n’en est que plus pérenne.

Plusieurs grandes villes ont choisi cette voie pour lutter contre la violence armée. Ils ont alors développé des programmes spécifique­s qui visent essentiell­ement à réduire la violence par le dialogue, la gestion de la colère, la pacificati­on des territoire­s, l’améliorati­on de la qualité de vie des personnes à risque, les campagnes de sensibilis­ation, la mobilisati­on des résidents, les interventi­ons dans les hôpitaux, etc.

Le programme Ceasefire, par exemple, aurait ainsi réduit de 16 à 28 % le nombre de fusillades dans quatre des sept sites de la ville de Chicago où il a été implanté. Celui de Baltimore, Safe Streets, aurait contribué à une baisse des homicides et des fusillades sans victime.

À quand un ou des programmes québécois de pacificati­on ?

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Prévenir fait aussi partie de la solution.
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