Le Journal de Quebec

Le débat de la dernière chance

La course dure depuis déjà trois mois. Et qu’en retient-on ?

- emmanuelle.latraverse@tva.ca EMMANUELLE LATRAVERSE

Cette fois-ci les candidats débattront-ils des vrais enjeux ?

Tout en mobilisant ses membres, le PCC peut-il parler au reste de l’électorat ?

Le clivage se creuse inexorable­ment entre deux factions. L’une, populiste, flirte ouvertemen­t avec les conspirati­onnistes de la COVID, l’autre plus centriste voit ses allégeance­s remises en question.

Voyez-vous, le mouvement conservate­ur ne serait plus une grande coalition. Certains voudraient vous faire croire qu’il y a un test de pureté idéologiqu­e à passer pour y entrer.

Le débat des candidats, à Laval, ce soir, sera l’ultime chance de remettre les pendules à l’heure.

Car après la bataille de ruelle violente et mesquine du premier débat, après le cirque du quizz « people » du second, ce débat, le seul en français, représente une planche de salut pour la crédibilit­é du parti.

Tout en mobilisant ses membres, le PCC peut-il parler au reste de l’électorat ?

VRAIS THÈMES

Pour y arriver, il faudra bien sûr éviter le ridicule de demander aux candidats de cerner la plus grande menace qui pèse sur le pays en 15 secondes. Il faudra aussi leur laisser plus de 30 secondes chacun pour évoquer leur approche à la guerre en Ukraine.

Surtout, il faudra lâcher la pandémie !

Or, aussi frustrants soient-ils pour certains, le masque et le passeport vaccinal pour prendre l’avion vont finir par tomber au Canada.

C’est sympa de s’énerver contre la dictature sanitaire de Justin Trudeau, mais objectivem­ent, c’est le reste qui compte, surtout pour un parti qui aspire à gouverner le Canada.

LIBERTÉ !

Santé, croissance économique, équilibre budgétaire, récession à l’horizon, accès à la propriété, les vrais enjeux qui touchent l’électorat méritent qu’on s’y attarde.

Quelle vision offrent ces candidats pour remettre le système de santé sur les rails et sortir enfin le Canada du malheureux cirque des provinces forcées de quêter chaque 10 ans auprès d’un gouverneme­nt fédéral qui n’a d’autre idée que d’imposer des conditions qui, de toute façon, n’ont jamais fonctionné ?

Et la crise du logement qui sévit d’un océan à l’autre ? C’est séduisant de promettre de s’attaquer aux « gardiens du temple » qui limitent les développem­ents domiciliai­res, mais quels leviers Ottawa peut-il exercer face aux municipali­tés ?

Et vivement casser du sucre sur le dos du gouverneur de la Banque du Canada pour avoir tardé à sévir contre l’inflation ! Mais entre promettre de le congédier et s’indigner d’un tel affront, quelles solutions concrètes offrent les candidats ?

D’ailleurs, tant qu’à profiter du débat en français, que pensent ces candidats des demandes du Québec pour davantage de pouvoirs en immigratio­n, en culture ? Que feraient-ils pour protéger la langue française ?

DILEMME

C’est le propre des courses à la direction des partis qui ont de forts fondements idéologiqu­es, comme le PCC ou le PQ, de forcer leurs candidats à se battre sur deux fronts à la fois.

Ils doivent convaincre une base militante souvent plus radicale, sans pour autant s’aliéner le reste de l’électorat.

Il serait peut-être temps que les grands bonzes conservate­urs s’en souviennen­t.

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