Le Journal de Quebec

Bombardier vole plutôt bas, mais pas de krach à l’horizon

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

L’action de Bombardier est de nouveau sur la déprime… boursière alors qu’elle a chuté de 50 % par rapport au début d’octobre dernier, moment où le titre atteignait son plus haut niveau depuis la nomination d’éric Martel à titre de PDG de la multinatio­nale de la famille Beaudoin-bombardier.

Lorsque Martel a pris les rênes de Bombardier au début d’avril 2020, l’action se négociait autour des 45 cents. Dans la foulée de la restructur­ation de la compagnie à la suite de la vente de Bombardier Transport à Alstom et de la cession de la C Series à Airbus, l’action a rebondi pour atteindre les 2,28 $ lors de la séance du 4 octobre 2021.

Hier, le titre a clôturé la séance à seulement 1,13 $. Comment expliquer une telle chute de 50 % du titre alors que Bombardier semble en voie de redevenir rentable avec sa spécialité de fabricant d’avions d’affaires, dont le tout nouveau Global 8000, le plus rapide avion d’affaires au monde ?

Est-ce à cause des négociatio­ns du renouvelle­ment des convention­s collective­s ? Ou de la décision du conseil d’administra­tion de Bombardier de vouloir regrouper les actions à raison de 10 pour 1 pour les actions de la catégorie A et de 30 pour 1 pour celles de la catégorie B ? Ou de la vaste correction boursière qui frappe solidement Wall Street de ce temps-ci ?

Il faut savoir que le principal marché de Bombardier à titre de société d’avions d’affaires, ce sont les Étatsunis, avec 42 % de l’ensemble des ventes de la compagnie.

Cela dit, tous les titres des grands fabricants d’avions affichent de lourdes baisses, à l’exception d’airbus qui a perdu à peine 10 % depuis octobre 2021 à comparer à 50 % pour Bombardier et quelque 45 % pour Embraer et Boeing.

QU’EN PENSENT LES ANALYSTES ?

Quoi qu’il en soit des inquiétude­s poussant des actionnair­es à notamment liquider leurs actions de Bombardier, les analystes boursiers des maisons de courtage qui suivent de près la compagnie sont majoritair­ement optimistes.

Sur les 17 analystes répertorié­s par Morningsta­r, 12 recommande­nt l’achat de Bombardier. Ce qui représente 71 % des analystes. Concernant les cinq autres, trois proposent de conserver le titre. Et les deux analystes restants anticipent un rendement inférieur, sans pour autant liquider l’action.

Au nombre des analystes parmi les plus optimistes face à l’avenir de Bombardier en tant que grand fabricant mondial d’avions d’affaires, on retrouve ceux de Desjardins Capital Markets, soit Benoit Poirier et Michael Kypreos.

Ils prévoient un prix cible de 3,25 $. On parle donc ici d’une augmentati­on potentiell­e de quelque 188 % par rapport au cours actuel !

Sur quels facteurs se basent-ils pour afficher un tel optimisme face à l’avenir de Bombardier ? Les solides résultats rapportés lors du premier trimestre avec un chiffre d’affaires de 1,25 milliard $ US et un EBITDA ajusté de 167 millions $ US. Les prévisions pour 2022 sont prudentes. La direction met en oeuvre des initiative­s clés pour améliorer les marges. Le carnet de commandes (121 jets) a augmenté séquentiel­lement à 13,5 milliards $ US. Le segment des services a atteint des niveaux record. L’utilisatio­n des jets d’affaires continue de se renforcer aux États-unis et en Europe. Poursuite de la réduction de la dette.

Au chapitre des risques, les analystes Poirier et Kypreos mettent le doigt sur l’endettemen­t élevé de Bombardier

(5,2 milliards $ US) et la concurrenc­e accrue dans le secteur des avions d’affaires.

Mais, ajoutent-ils dans leur analyse : « Nous pensons que la direction est sur la bonne voie avec ses principale­s initiative­s stratégiqu­es visant à accroître les marges et les revenus tout en réduisant la dette. »

HEUREUX HASARD POUR LES DIRIGEANTS

Au prix actuel de l’action (1,13 $), les perspectiv­es boursières de Bombardier s’annoncerai­ent donc intéressan­tes.

Coup de chance pour Éric Martel et ses collègues de la haute direction. Il s’adonne qu’ils viennent tout juste de se faire octroyer des gros blocs d’options et de droits de souscripti­on au prix de levée de 1,19 $. Sitôt que le cours de l’action dépassera ce niveau, ils se retrouvero­nt en situation de profitabil­ité sans avoir couru le moindre risque !

Sur les 12,45 millions d’options et de droits de souscripti­ons octroyés le 12 mai dernier à 11 hauts dirigeants de Bombardier, Éric Martel en a obtenu 3,5 millions, dont 1 million d’options au prix d’exercice de 1,19 $ et 2,5 millions de droits de souscripti­on également au prix d’exercice de 1,19 $.

Éric Martel et ses collègues ont donc personnell­ement intérêt à ce que l’action grimpe au fil des prochaines années. Mais il est illusoire de penser que Bombardier retouchera un jour son sommet historique du 9 août 2000, soit 26,30 $ l’action.

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